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25/08/2013

Michel Seuphor

 

Michel Seuphor.jpg

 

© Michel Seuphor

 

 

 

 

Michel Seuphor

(1901-1999)

 

 

 

HISTOIRE

 

 

je me rappelle le temps où j’étais grand parmi les

            mammifères séniles doux et lents

ils n’étaient pas vainqueurs

ils n’avaient pas le beau rôle des victimes mais

regardaient ceux qui bataillaient simplement en

            essayant de comprendre

 

l’air était frais à la hauteur de leur taille

ce n’était pas celui des fourmis très étroites

            qui sont près de la terre

ni celui trop vif des musiciens

 

on respirait à l’aise

on ignorait la bousculade

on souriait au lyrisme

on était bien pas fier et sage sans calcul

 

puis

quand un soleil tout à coup s’éteignit

des êtres égoïstes et pleins de science sont descendus

des pays froids

 

et il fallut servir

se conformer à leur commerce de détail et renoncer

au bien penser devant le monde

 

depuis ce temps la vie est devenue un labyrinthe où

toutes les portes font du bruit

 

quand l’homme dormira-t-il ?

 

Extrait de « Lecture élémentaire »

 

-------------------------    (p. 52)

 

 

POEME MODELE

 

 

ris ras rampe ma rourou tes songes

rise rase rampe oh bellechasse ta peau

ou alezan ta peau mon beau dimanche ou bucéphale

 

s’entend s’émeut salue

s’entend s’émeut salive et sue et sonne

s’adonne au jeu salive et sonne

et prouve son authenticité

 

il s’ouvre tout entier devant la mère de plomb

jaillit le cœur jaillissant les entrailles

d’une échancrure jaillit l’espoir

 

Extrait de « Lecture élémentaire »

 

-------------------------    (p.80)

 

 

 

l’amour pour porter fruit n’a pas besoin que d’imagination

la pensée n’a pas besoin que de soleil (que de fleurir)

mais de caresses exactes

 

 

-------------------------    (p.166)

 

 

 

 

Lecture élémentaire

Michel Seuphor

Editions Rougerie, 1989

 

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Willy Ronis

Willy Ronis_LE PETIT PARISIEN_1952.jpg

© Willy Ronis - "Le petit parisien", 1952

 

Mario Santiago Papasquiaro

 

 

Mario Santiago Papasquiar.jpg

Source : © Mario Santiago Papasquiaro

dans “Poems and Poetics” de Jerome Rothenberg

 

 

 

Mario Santiago Papasquiaro

 

 

We’re poets

          Cymbals of the black sun
          that magnetizes us

Nous sommes des poètes

          Cymbales du soleil noir
          qui nous magnétise

 

 

Already Far from the Road

4

 

Our tongue has been barbed
It’s watermelon / dripping deep-laughing vagrant
Adventure that’s torn open our abrasions
What we’ve been we are in the crescendoing of echoes
          For such shoulders : such thighs
          For those ankles / those steps
Lessons of cleansing by the scalpel

 

 

-------------------------     

 

 

 

Mario Santiago Papasquiaro

Sur le site de Jerome Rothenberg

Poems and Poetics

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■ LIEN : http://poemsandpoetics.blogspot.fr/2013/07/mario-santiago-papasquiaro-already-far.html

 

 

 

 

 

[translator’s note.  In 1975, the Mexican poet Mario Santiago Papasquiaro (1953-1998) and Roberto Bolaño co-founded Infrarrealism, a poetry movement that drew inspiration from Dadaism, Surrealism, Stridentism, the Beats, and the contemporary Peruvian movement Hora Zero. Their project, at its core, was to explode literary, social, and political conventions through a radical reconception of the poetic imagination and the poetic life. As Bolaño put it in the “Infrarrealist Manifesto:” “The true imagination is the one that dynamites, elucidates, injects emerald microbes into other imaginations…Perception opens by way of an ethic-aesthetic taken to the extreme.” Bolaño’s novels (especially The Savage Detectives, in which Santiago appears as Ulises Lima) are now well known in the U.S. and stand as a profound testament to the extraordinary daring and energy of Infrarrealism. But Santiago’s large and astonishingly powerful body of work has yet to receive the recognition it deserves outside the Spanish-speaking world. To date, only Santiago’s first major poem, Consejos de 1 discípulo de Marx a 1 fanático de Heidegger (1975), has been translated into English. The poem presented here, “Already Far from the Road,” was originally published in the collection Beso eterno (Al Este del paraíso, 1995), and gives English readers their first taste of Santiago’s later work.  -- Cole Heinowitz]

 

 

 

[note du traducteur.  En 1975, le poète mexicain Mario Santiago Papasquiaro (1953-1998) et Roberto Bolaño deviennent co-fondateurs de l’Infra-réalisme, un mouvement de poésie qui s’inspire du dadaïsme, du surréalisme et du stridentisme (un mouvement avant-gardiste artistique et multidisciplinaire fondé au Mexique par Manuel Maples Arce) des Beats, et du mouvement péruvien Zero Hora. Leur projet, à la base, consistait à faire sauter les conventions littéraires, sociales et politiques, à travers une nouvelle conception radicale de l’imagination poétique et de la vie poétique. Comme Bolaño l’indique dans le Manifeste Infra-réaliste : “La vraie imagination est celle qui dynamite, élucide, injecte des microbes d'émeraude dans d'autres imaginations ... La perception s'ouvre au moyen d'une éthique-esthétique poussée à l'extrême». Les romans de Bolaño (en particulier The Savage Detectives, dans lequel Santiago apparait dans le personnage d’Ulises Lima) sont désormais bien connus aux Etats-Unis, et se présentent comme un profond témoignage de l’extraordinaire audace et énergie de l’Infra-réalisme. Jusqu’à présent, le premier poème majeur de Santiago, Consejos de 1 discípulo de Marx a 1 fanático de Heidegger (1975), a été traduite en anglais. Le poème présenté ici, “Already Far from the Road,” a été à l’origine publié dans la collection Beso eterno (Al Este del paraíso, 1995), et a donné aux lecteurs anglais un premier avant-goût du dernier travail de Santiago. -- Cole Heinowitz]

 

(Traduction personnelle : Nathalie Riera)

 

 

 

 

Bernard Noël

 

Noel_Bernard_2010.jpg

Photographie : © Sophie Bassouls

 

 

Bernard Noël

 

 

 

 

■ LIEN : http://www.sophiebassouls.com/page.php?page=ecrivains&alias=Noel_Bernard_2010-05-23

 

 

 

 

 

 

 

ce qui nous leurre est si lié à l’œil qu’il faut

étriper le regard pour ouvrir le tombeau.

 

sous ce chapeau moral, les mots prennent des rides,

et le ronron qui suinte aux articulations,

couvre un chuintement de tête qui se vide :

rien ne sert de penser, il faut penser à fond.

empifrée de savoir, la conscience a du bide,

tout son caca mental engorge la vision.

 

dans le dodelinement du dernier gâtisme,

être un vieux qui oublie son alphabêtisme !

 

le visible déjà me prend comme une mer…

 

o les yeux, les yeux, les yeux qu’on cloue à l’amer

étonnement de voir claquer la fermeture

idéale et l’esprit naitre de cette injure :

lors, tout n’est que signe, humanisme et littérature.

 

Extrait de « Troisième suite »

 

-------------------------    (p.24)

 

 

 

 

être ou pas quel trou en tête du paraître

 

mourir meut le temps et non le temps mourir

entre soi et soi toujours cela pénètre

maniant le vif auquel il s’enchevêtre

enterrez la terre ou bien faudra gésir

 

à nu reste l’os rêveur rassi de l’être

 

sac à sang ne veut saignée il ceint l’obscur

un oubli sans houle et dur comme les choses

il veut vivre et va dans la vue du futur

vaillant d’être vivace par ce qu’il ose

rire à la ruine au râle au dodo du rien

éboue le baba qui se frime aérien

 

et la bouche bée bleue cherchant le suis-je

tout à trac détraqué ô cru vertige

ce qui croise en nous le vif et le vestige

 

Extrait de « Quatrième suite »

 

-------------------------    (p.41)

 

 

 

Bruits de langues

Bernard Noël

Editions talus d’approche, 1980

 

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Philippe Beck

 

BECK.jpg

 

Source photo :

C/o Œuvres Ouvertes de Laurent Margantin

 

 

Philippe Beck

 

 

 

 

■ LIEN : http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article230

 

 

 

 

5. Couture

 

Feu est dressé.

Cheminée mange paille.

La paille rapide et verticale.

Haricot tombe

à côté de brin d’or.

Braise dialogue avec eux.

Paille s’interroge.

Braise fait un saut par hasard.

Le hasard élancé.

Elle quitte la cendre.

Haricot a évité le feu.

Paille a fui les doigts

de la femme qui veut manger.

Ils sont parallèles à la mort.

Vers un autre pays.

En chemin, Paille est un pont

du ruisseau.

Braise passe à petits pas.

Le courant fait du bruit.

Mer a des lames ou des plis

d’hymnes collectifs,

les collections de souplesse

dans un texte d’eau dure

qui ferait peur à des fleurs de terre.

Braise s’arrêt à cause de la peur.

Comme une fleur de feu.

Paille s’allume,

et casse en deux, tombe à l’eau,

où Braise meurt.

Haricot est au bord. Dans un pays de prudence

et de plaisir.

Il éclate de rire ce soir.

Un tailleur passe et recoud

H. Divisé.

Recouture de fil noir.

Dans le soir d’huile.

Et de rayons.

Il y a des repas réciproques.

 

 

 D’après « Bout de paille, braise et haricot »

 

-------------------------    (p.30/31)

 

 

Chants populaires

Philippe Beck

Editions Flammarion, 2007

http://editions.flammarion.com/peoples_detail.cfm?ID=133245&levelCode=home 

 

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92.

 

Traces embaumées de chaman

séparent du désert.

Parures précieuses,

car le sable résiste au vent polyvalent.

Au désert s’élargit la mémoire

de collection de branches dressées

dans pinède,

et de piquets feuillus accidentels

fichés dans Indifférence.

Chaman vise en principe

un volume de décrets

par nœuds de tendons et de crispations.

Cependant que bribes séparées

gomment atoll,

varech, herbe à avirons, volant d’eau,

cuir, herbe-ruban et coup de vent soleils,

entrant dans longue

histoire d’hommes tout

au moisson de contrariétés.

Il s’agit Surnature impossible

et pointe insuffisance de l’Insurmontée.

Le désert naturel où il bouge reste

l’addition de férocité, symétrie et dépendance

renforcée.

Jusqu’à l’esthétique de l’abeauté.

Mer violette acceptée.

 

 

-------------------------    (p.104)

 

 

 Dans de la nature

Philippe Beck

Editions Flammarion, 2003

ICI 

 

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Philippe Beck a publié treize livres de poésie dont quatre aux éditions Flammarion, dans la collection « Poésie » : Chants populaires (2007) ; Dans de la nature (2003) ; Aux recensions (2002) ; Dernière Mode familiale (2000). En 2006, une monographie lui a été consacrée : L'Impersonnage (avec G. Tessier, Argol).

 

 

 

Autres sites à consulter :

Terres de Femmes

 

02/08/2013

Une pause

Les Carnets d’Eucharis

reprendront après le 20 août 2013.

 LOGO EUCHARIS.jpg

 

LES CARNETS D’EUCHARIS

Nathalie Riera

Courriel : nathalieriera@live.fr

http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com

 

 

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