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23/08/2012

Giacomo Cerrai

 

Giacomo

CERRAI

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© Site Les Carnets d’Eucharis

 

 giacomo cerrai.jpg

© SOURCE PHOTO | FACEBOOK

 

QUATRE POÈMES

Traduits par Raymond Farina

 

 

 

■ Sur le site Les Carnets d’Eucharis

http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/

 

 


Giacomo Cerrai

Quatre poèmes

Traduit de l'italien par Raymond Farina

                         

                              

 

  

 

 

 

 


 

 

Aruspices

 

Le grincement de la balançoire

obsédant, il ressemble

au cri des oiseaux qui tombent

dans le bleu.

Qui sont-ils je l’ignore

peu importe. Seulement,

l’air las, des petits

citadins et leurs mères

aux poumons

chargés d’une fumée légère.

Les oiseaux crient

méthodiques. On dit qu’ils pressentent 

le premier acte le second

d’un drame

sans entracte

 

 

 

Aruspici

 

Il cigolio dell’altalena

ossessivo, somiglia

al grido di uccelli che precipitano

nell’azzurro.

Chi siano non so

né importa. Solo

aria stanca, bambini

cittadini e madri

con un carico di fumo leggero

nei  polmoni

Gli uccelli gridano,

metodici. Si dice presèntano

l’atto primo il secondo

d’un dramma

senza  intervallo

 

 

 

(le ciel reflété sur une fenêtre très lointaine)

 

 

Le ciel reflété sur une fenêtre très lointaine

son obliquité de périscope, de lumière

qui tombe par un hasard infini,

et son rayon qui offusque,

par une direction insolite,

un plan parallèle différent,

notre liberté de penser,

de jeter au vent la plus-value,

la vie qui nous reste,

un autre sud

de monde renversé et d’horizons

de temps et lieu,

ce privilège de  pierre

qui attend immobile le coucher de soleil

et son déracinement…

Les frontières ne sont pas tracées,

disparaît le droit divin de la lumière

qui agit

et qui vire au rouge,

l’indifférence des oiseaux,

silhouettes obscures dont la migration

traverse des territoires

sur une fenêtre lointaine.

 

 

 

(il cielo riflesso su una finestra lontanissima)

 

 

Il cielo riflesso su una finestra lontanissima

la sua obliquità di periscopio, di luce

che precipita da una casualità infinita,

e il raggio che traffigge,

da una direzione inconsueta,

da un differente piano parallelo,

la nostra libertà di pensare,

di gettare al vento il plusvalore,

la vita che ci avanza,                                       

un differente sud

di terra capovolta e orizzonti

di tempo e luogo,

questo privilegio di pietra

che attende immobile il tramonto

o il suo sradicamento…

i confini non sono segnati,

cessa il diritto divino della luce

che agisce

e vira al rosso,

e indifferenza degli uccelli,

oscuri sagome migranti

attraversano territori

su una finestra lontana.

 

 

 

 

(aux vieux et aux enfants qui ne saisissent pas)

 

Aux vieux et aux enfants qui ne peuvent saisir  

entre pouce et index

le geste vague et incertain

de l’exiguïté des rêves, comme

celui de considérer la finesse des cheveux

devant la transparence du ciel,

un geste opposable

comme la main sur le cœur pour retenir

le souffle ou celui qui s’enfuit ou la pensée

qui  vient à l’esprit tout à coup et avorte… 

que soit l’inexpérience la déshabitude de  vivre,

la lassitude des os la myopie du moi,

perdre notre prise sur les choses

c’est comprendre les choses leur indicible anarchie

de feuilles qu’agite un vent majeur ;

et l’œil, en hésitant, guide le geste

et le geste ouvre et ferme des horizons

ou ferme le cercle.

 

 

 

(dei vecchi e dei bambini il non cogliere)

 

 

dei vecchi e dei bambini il non cogliere

tra pollice e indice

il gesto incerto e vago

dell’esiguità dei sogni, come

chi considera la finezza di capelli

contro la trasparenza del cielo,

un gesto opponibile

come una mano sul cuore a trattenere

il fiato o chi fugge o il pensiero

che improvviso balùgina e abortisce…

che sia imperizia disabitudine del vivere,

stanchezza delle ossa miopia dell’io,                

il perdere la presa sulle cose

è capire le cose la loro indicibile anarchia

di foglie mosse da un vento superiore ;

e l’occhio incertamente guida il gesto

e il gesto apre e chiude orizzonti

o chiude il cerchio

 

 

 

 

(une  erreur remédiable)

 

 

Si nous avions  - imaginais-je –

l’espoir secret des enfants :

se réveiller un matin

avec la seule obligation de vivre

avec  le courage des pastels

avec l’avenir d’une feuille blanche

et des oiseaux aériens

revenir en arrière en interrompant

le jeu ou réparer

des blessures même profondes des méchancetés

avec de petites blandices.

Si nous avions le droit au retour

juste avant la limite de l’innocence

au bord d’une journée imprévoyante

le simple geste qui efface

la douleur

fait renaître l’amour scelle

dans ce toujours un toujours

qui est nôtre. Si nous pouvions

sauver ce qui peut l’être

comme à la fin d’une journée

de vacances

fermer les tiroirs en riant

comprendre que nous avons grandi                               

et  peut-être

que l’essence de l’action

est  une  erreur remédiable…    

 

 

 

 

 (un rimediabile errore)

 

 

Avessimo – immaginavo –

la speranza segreta dei bambini :

risvegliarsi un mattino

col solo obbligo di vivere

col coraggio dei pastelli

col futuro di un foglio bianco

e di uccelli ventosi

tornare indietro interrompendo

il gioco o risarcire

ferite pur profonde cattiverie

con piccola blandizie.

Avessimo il diritto al ritorno

appena prima del limite dell’innocenza

sull’orlo d’una giornata improvvida

il semplice gesto che cancella

il dolore

ripristina l’amore sigilla

in questo sempre il sempre

che è nostro. Potessimo

salvare il salvabile

come alla fine d’un giorno

di vacanza

chiudere ridendo i cassetti

capire che siamo cresciuti

e forse

che essenza dell’agire

è un rimediabile errore…


Bio-bibliographie :

 

Giacomo Cerrai est né à S.Giuliano Terme (Pise). Il a fait ses études de Littérature italienne à Pise, où il travaille et vit.  Après la publication de son premier recueil, intitulé « Imperfetta elisse », il a collaboré à la revue de photographie et d’écriture « Private » (n°18/2000) et à l’ouvrage collectif, consacré à Cesare Pavese « AA.VV. – Cesare perduto nella pioggia », dirigé par Massimo Canetta (Di Salvo Editore, Naples). Il a été rédacteur en chef de la section « Poésie » du site de littérature « I Fogli nel Cassetto », jusqu'à sa fermeture, à la fin de l’année 2002. Ses textes figurent sur de nombreux sites, blogs et revues de poésie en ligne tels que « Dadamag » (n°6, 1999), « La costruzione del verso » de Gianfranco Fabbri, « L’Attenzione» (n°4, janvier 2007), « La poesia e lo spirito », « Viadellebelledonne », « Sottopelle », « Cartesensibili ».

 

Est également disponible sur « Lulu.com » une version imprimée de « La ragione di un metodo », un recueil de textes écrits au cours des années 80-90. On peut trouver, par ailleurs, sur le blog de Francesco Marotta « La dimora del tempo sospeso », quatorze poèmes du même auteur, écrits à des périodes différentes.

 

Giacomo Cerrai figure aussi dans l’anthologie de Luca Ariano et Enrico Cerquiglini « Vicino alle nubi sulla montagna crollata » ( Campanotto Editore). Il a récemment publié en ebook « Sinossi dei licheni » aux « Editions Clepsydra » et, en juillet 2009, aux « Editions l’Arca Felice » de Salerne, « Camera di condizionamento operante ». Ces deux ouvrages sont téléchargeables gratuitement. Viennent également de paraître –sur GAMMM- un texte expérimental, « A tribute to John Cage » et, en co-traduction, avec Rita R. Florit et Alfredo Riponi, l’anthologie de poèmes de Ghérasim Luca « La fine del mondo – Poesie 1942-1991 » (Joker Edizioni, 2012). De prochaine publication aux « Editions L’Arcolaio » le recueil « Diario estivo e altre sequenze »

 

Il gère l’espace web « Imperfetta Ellisse » (http://ellisse.altervista.org).

 

 

 

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