10/03/2012
Claude Minière - Poèmes inédits
■ Claude Minière
CLAUDE MINIERE
PoÉsie
Des Dieux et des Hommes
Inédit
2012
■ Extrait
Vues sur L’Acropole
dans la juxtaposition
plus haut la haute cité
Akros-polis
plus bas la façade du Parlement
dans l’absence muette de liaison
dans la révolte
ils se heurtent à un mur
à la surface
la parole coupée de l’histoire
Usura
le « dossier grec »
dans la négociation de l’oubli
le temple en ruines
dans l’éclat de sa blancheur
Athéna la tourneuse de chars
dans leur séparation leur partition
je ne les vois pas séparés
ils sont côte-à-côte
parés de splendeurs et défauts
tels dieux hommes et femmes
(les mortels et les immortels)
Terre et ciel
de la même substance tenue dans une ligne
côte-à-côte ou trait à trait
à partir de ce que j’ai sous les yeux commence l’ascension
commence la plongée
à partir de ce que j’ai avec les dieux
ils demeurent
ils chantent à l’orée à l’oreille
les voix rayées et claires
et puis il y a longtemps à l’instant
la bataille s’engagea sur la plaine violette
dans les rues
c’est à l’ordre du jour
à l’ordre et au désordre du jour
vous y êtes
vous y étiez déjà
et je porte des guerres anciennes dans mon sang
ici et assis sur les dalles polies
ici les roses centifolia aux soixante pétales
au-dessus des jardins s’élève une montagne
comme elles s’ouvrent dans leur naïveté
diverses sont les lignes de la vie
si je me souviens bien
les choses sont venues d’un trait
un étrange séisme
plus proche le jaune-vert des oliviers aux feuilles talentueuses
les jupes du lierre
je m’en souviendrai comme si c’était hier
les fleurs se ferment sur le soir
les faits renferment une leçon
quelle histoire ?
Thucydide voulait « la cause la plus vraie et la moins avouée »
quelle langue quelle liberté ?
certains peuples trouvaient plus de charme à la tyrannie
ils ont été endormis par un charme
(disons un charme)
ils reprennent ce qui leur appartient
et l’air d’un bleu poudreux
l’agitation des pointes
les flèches argentées
dans les poudres anciennes de la ville
une statue sur la Grand-Place à Lille
une colonne
ils l’appellent « la déesse »
mais les dieux sont plus proches en retrait
à hauteur d’homme
à Marseille une tête d’Homère
passage derrière les paupières
■■■ © Les carnets d’eucharis
■ NOTICE
Né en 1938 à Paris, Claude Minière vit aujourd’hui entre Lille et Londres. En une vingtaine de recueils et essais il a développé une œuvre qui traverse la crise de la poésie (de la pensée), de la pensée du divin en notre temps. Il parle donc « des dieux et des hommes ». A paraître : Barnett Newman, retour vers l’’éden (essai).
21:37 Publié dans Claude Minière | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | Facebook
Commentaires
Par l'intermédiaire de Poezibao, je tombe sur quelques lignes du feuilleton (5)de Claude Minière, et notamment sur : "parfois, l'envie de cogner". C'est exactement ce que je ressens. Et qui ose encore aujourd'hui - hormis lui - parler de la Pentecôte ? Merci à Claude. Patrick Le Divenah (fréquenteur des Carnets d'Eucharis)
Écrit par : Patrick Le Divenah | 25/09/2014
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