28/11/2009
James Sacré à la Petite Librairie des Champs
P O E S I E---------------------------------
Sur Quelque chose de mal raconté de James Sacré, lu il y a 28 ans
JAMES SACRÉ
Bientôt à la Petite Librairie des Champs
12 & 13 décembre 2009
© Photo Durigneux
D’abord une citation de B.M.
« exemple de bon-mauvais français
- je ne suis pas sûr que je tais toi
mais la ruse vertueuse de mes dits doigts
nous souffle que je tais me »
Lignes écrites en 1981.
D’abord ce nom de poète qui lui-même sonne comme un assemblage impossible dont il faudrait forcer le sens. Deux mots chargés et frissonnants de significations mêlées.
Et puis la campagne américaine, immense, et la langue, française un peu à cloche-mots.
Un peu privée d’espace aussi cette langue que le poète, à force de tremblements, va lui redonner et faire bouger.
Carrés de verdure et bas-côtés, autoroutes en jardins secrets, vastes espaces et au milieu, la ligne.
Qui est cet étranger qui va découvrant le paysage et la langue ?
Découvrant au sens d’ôter ce qui les recouvrait. Qui faisait qu’on ne les voyait plus très bien. Comme une taie sur les yeux.
Ici une taie sur la langue ?
Se permettant de dire dans un ordre traversé d’irrégularités les paysages.
Paysages à la mesure d’une poésie qui se veut incertaine, hésitante et en même temps tracée fermement sur la buée. Comme les pieds, ces maladroits, butent sur les mottes de terre mais poursuivent l’ascension.
Assis au bord des routes, tous les deux vaincus par la chaleur et la marche dans notre pays-langue, assis pensifs comme enfants perdus à mi-pente, nous attendons.
Le passage d’un texte rapide, d’un paysage entrevu comme vus d’un train à grande vitesse alors que nous sommes arrêtés, l’un et l’autre, assis sur le talus, dans la fatigue du jour, sa chaleur.
L’étranger, ce poète au nom nouveau pour nous, passe lui aussi et ses mots « à souffler des airs de romance dans son cornet à piston », nous raniment, nous remettent en ordre de marche dans le mal-raconté du titre, nous redonnant la bonne chanson, le goût du voyage dans la divagation entre les actes, entre les herbes du chemin, quelques mots : bonheur, jardin, rouge, dans un usage de la langue qui fait sourire un peu, se lever du sol, aller vers là « où c’était que des fermes que des gens ».
Et puis toujours, à nouveau solitaires sur des terres suspendues loin des hommes et de leur langue bien parlée, nous assis à écouter quelque chose de mal raconté.
Sylvie Durbec
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"Parfois comme un ennui tout comme si plus rien
à dire à propos d'un poème ou d'un jardin
même chose en somme ou presque on comprend pas bien.
Peu à peu la mauvaise herbe le temps
qui vient ça a fleuri quand même avec un deux rouges
mal rouillés sourire un travail lenteur dedans
comme un ennui bardane et puis les orties tiens
ça continue pourtant sans qu'à peine rien bouge
avec ces noms d'herbes mal aimées un machin
qui rime quand même sans pourtant rien dedans.
Quelque chose de mal raconté, André Dimanche éditeur, 1981
la petite librairie des champs--------------------
James Sacré: une vie en poésie
James Sacré est né en 1939. Il passe son enfance et son adolescence à la ferme des parents en Vendée. D’abord instituteur puis instituteur itinérant agricole, il part, en 1965, vivre aux Etats-Unis où il poursuit des études de lettres (thèse sur la poésie de la fin du XVIè siècle français). Il y enseigne dans une université du Massachusetts (Smith College) tout en faisant de nombreux séjours en France et des voyages en d’autres pays (l'Italie et le Maroc, souvent). Il a publié des livres de poèmes au Seuil (Coeur élégie rouge, 1972), chez Gallimard (Figures qui bougent un peu, 1978) et aux éditions André dimanche, ainsi que chez de nombreux “petits éditeurs”. Il vit de nouveau en France, à Montpellier, depuis 2001.
Livres récents: Le poème n’y a vu que des mots, L’idée bleue, 2007. Khalil El Ghrib, Editions Virgile, 2007. Un paradis de poussières, André Dimanche, 2007 . Se os felos atravesan polos nosos poemas, Amastra-N-Gallar (dans une traduction en galicien de Emilio Araúxo ), 2008 (Emilio Araúxo, Apdo. Correos 97, 36500 Lalin (Pontevedra) Espagne). Comme pour être un jardin, Tunis, Tawbad, 2008 (bilingue, texte traduit en arabe par Saleh Diab). Une idée de jardin à Beyrouth, Soligny-la-Trappe : Ficelle n° 84, Rougier. V éditions, 2008. Coudre ton enfance à demain, Contre-allées, « Poètes au potager », Montluçon, 2008. D’autres vanités d’écriture, Tarabuste éditeur, Saint-Benoît-du-Sault, 2008. 31 poèmes de l’Amérique un peu, Contre-Pied, Martigues, 2008.
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