07/11/2009
Salah Stétié - En un lieu de brûlure
Poète et essayiste libanais de langue française, longtemps ambassadeur, Salah Stétié est l'homme de deux rivages. Ses écrits regardent vers l'Occident, sans jamais cesser d'être illuminés par l'Orient, qui les guide. Œuvre solaire, située au point du jour, à égale distance de la modernité qu'elle assume et de la tradition qu'elle réinvente, elle est habitée par les voix de la grande littérature française - de Baudelaire aux surréalistes - et par celle de l'Islam, de ses poètes et de ses mystiques, comme Ibn Arabî ou Rûmî... Le présent ouvrage est constitué d'oeuvres devenues rares, de textes désormais classiques, mais aussi de plusieurs inédits importants. On retrouve les poésies, les proses et les essais critiques d'un homme qui a su unir sous le même regard une volonté d'élucidation du monde et de ses phénomènes, ainsi qu'une pratique du français qui fait de Salah Stétié - comme Beckett, Ionesco, Jabès ou Cioran - un des maîtres de notre langue, qu'il a su revivifier avec amour.
- Editions Robert Laffont (15 octobre 2009)
Le texte est de croissant sur des brisures
De cicatrices sur ces cristaux aigus
Qu’un ciel couvre de ciels arrachés ou figures
Jusqu’à l’obscur œillet qui respire
Paysage à la destruction de l’épaule
A ce bois contenu par la lune
Quand cela bat dans l’arbre et s’embrouille avec colère
Et d’aile, d’un éclat, fait la mer trop grande
- où allons-nous, doux époux ?
Alors vient la femme avec étoiles ici et jambes
et vraie menthe
Et lignes pour le vent l’assouplir avec plis
dans ses beaux linges
Allume un ongle de miroir à la nuit où ses doigts
s’éteignent
Afin que l’oiseau casse et tombe dans les chambres
du monde
(Extrait L’eau froide gardée)
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Or l’arbre et l’écriture
Eglise désirante
Et le voyage nuageux la dispersion
Si ton visage d’arbre
Sauvé du sang sévère dans le vide
Accueille un bruit de cheval dans la matière
L’arbre en sa grâce pure
Le voici double à vouloir nous retenir
Dans le silence où nous allons tomber
(Extrait XL, Fragments : Poème)
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… L’herbe mourir !
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Substance est de beau sein.
Retiré dans sa guerre
Illuminant le genre des fourmis
- Du feu faisant substance
Retiré dans sa guerre est beau sein
Cornu, ayant blessé
L’esprit, sollicitant l’arbre du sein
( Extrait XXI, Inversion de l’arbre et du silence)
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Ma lumineuse ma liée mon adorante
Dans tes rectangles nuageux une bougie
Par forme et par façon de nuit tremblante
Voilant ton nom d’embrasement nocturne
Et tout le sang qui fait briller ton corps en blé
Comme une neige endormie dans la neige
Au carrefour de toute lampe divisée
Non frontalière de l’esprit ni des fragments
(Extrait LXXV, L’être poupée)
08:29 Publié dans Salah Stétié | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
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