07/10/2009
E.E. Cummings
E X T R A I T
POÈMES CHOISIS
J’aime mon corps quand il est avec ton
corps. C’est une si toute nouvelle chose.
Muscle améliore et nerf plus donne.
j’aime ton corps. j’aime ce qu’il fait,
j’aime ses comments. j’aime sentir l’échine
de ton corps et ses os,et la tremblante
-ferme-douce eur et que je veux
encore et encore et encore
embrasser, j’aime de toi embrasser ci et ça,
j’aime,lentement caressant le,choc du duvet
de ta fourrure électrique,et qu’est-ce qui arrive
à la chair s’écartant…Et des yeux les grosses miettes d’amour,
et possiblement j’aime le frisson
de sous moi toi si toute nouvelle
E.E. Cummings, Poèmes choisis (traduits par Robert Davreu), éd. José Corti, 2004 (p.33)
"E.E. Cummings a lui-même défini la poésie comme ce qui ne peut être traduit. Entendons : le poème est la parole absolument singulière qui, d’un même mouvement, dynamite – et dynamise aussi – la langue pour inventer la sienne dans le refus de tout ce qui est commun, ou qui relève, disait avant lui Mallarmé, de l’universel reportage. Comme une lettre d’amour, le poème n’a pas de public, il n’a pour destinataire, si nombreux qu’ils puissent être, que des lecteurs singuliers, visés chacun dans ce qui le différencie, dans son être unique, dans ce qui, de lui, demeure farouchement et irréductiblement rebelle à toute négation et dissolution de soi dans une pseudo-identité sociale ou collective, mortifère par essence, si l’on ose dire ; mortifère dans le refus de la condition de mortel qui la sous-tend. En chaque lecteur le poème s’adresse au poète et au vivant mortel qu’il est aussi, à l’amoureux, au fou, à l’enfant, à l’idiot qu’il demeure..." (Robert Davreu)
Présentation de l'éditeur
Si Edward Estlin Cummings (1894, Cambridge, Massachusetts – 1962, New York), l’un des poètes américains les plus importants du XXe siècle, a expérimenté de façon radicale la forme du poème (ponctuation, orthographe, syntaxe) inventant une nouvelle langue dans la langue, il n’en appartient pas moins à une vieille tradition américaine, celle de sa Nouvelle-Angleterre natale et de son individualisme non conformiste, c’est un grand lecteur de classique en particulier de Longfellow. Ses parents encouragent très tôt ses talents de poète et de peintre. Il est diplômé d’Harvard en 1916. Pendant la première guerre mondiale, il travaille comme ambulancier en France où il est emprisonné (une expérience qu’il raconte dans L’énorme chambrée). Son premier recueil de poèmes Tulipes et Cheminée paraît en 1923, suivront XLI poèmes, Font 5 et ViVa. Refusé par de nombreux éditeurs pour un nouveau recueil de poèmes 1935, il l’intitule No thanks.
Un premier recueil de l’œuvre (Collected Poems) paraît en 1938, suivi de 50 poèmes et de 1 X 1 (« un fois un » étant sa formule pour l’amour). Il donnera une série de conférences qu’il intitule : Moi, six in-conférences (publiées en français aux éditions Clemence Hiver).
Si Cummings a pu dire qu’il lui faudrait encore cent ans pour mener à bien l’achèvement de son oeuvre, force est de constater l’ampleur de celle-ci et les Complete Poems paraîtront en 1968.
Le choix des poèmes retenus correspond (à une exception près, et quelques ajouts personnels de Robert Davreu – La Renommée parle et la suite de La Guerre) à celui que Cummings fit lui-même en 1958 pour le volume des Selected Poems (1923-1958).
L'auteur vu par l'éditeur
Robert Davreu a donc respecté l’ordre non chronologique retenu par le poète américain. Il précise bien toutefois qu’il s’est référé à l’édition des Complete Poems (1904-1962), éditée par George J. Firmage (Liveright, New York, 1991) afin de vérifier que les versions proposées étaient identiques.
11:31 Publié dans E.E. Cummings, José Corti | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer | | Facebook
Commentaires
EE Cummings fut un des poètes qui m'ont à jamais marqué au fer rouge de la lucidité. C'est une musicienne contemporaine, élève de Max Deutsch, qui m'avait lu quelques poèmes au cours d'une soirée dans un appartement du côté de la Bastille. Il a osé savamment désarticuler la langue et le sens afin de suggérer, très organiquement, cette impossibilité de dire l'inaltérable beauté du quotidien laissé pour compte, débarrassé des scories plus ou moins conventionnelles de la langue littéraire.
Le choix de ce seul poème pour illustrer sa poésie me rend vraiment fou de joie.
Écrit par : André Chenet | 10/10/2009
EE Cummings fut un des poètes qui m'ont à jamais marqué au fer rouge de la lucidité. C'est une musicienne contemporaine, élève de Max Deutsch, qui m'avait lu quelques poèmes au cours d'une soirée dans un appartement du côté de la Bastille. Il a osé savamment désarticuler la langue et le sens afin de suggérer, très organiquement, cette impossibilité de dire l'inaltérable beauté du quotidien laissé pour compte, débarrassé des scories plus ou moins conventionnelles de la langue littéraire.
Le choix de ce seul poème pour illustrer sa poésie me rend vraiment fou de joie.
Écrit par : André Chenet | 10/10/2009
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