03/04/2014
Angèle Paoli - De l'autre côté (éd. du Petit Pois, 2013)
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mouvement de pivot
le paysage s’inverse
la route entre dans le décor
asphalte bande blanche filent
le talus se rapproche
fils-de-chardons en
sur-lignage
[la Punta di Minerviu plonge
l’îlot du Stintinu
un point ponctue la montagne]
le ciel la mer fusent
dans le mur de pierre
collision de-bleus-de-bruns dorés
étendues lisses
échancrures-dentelles
ANGELE PAOLI...........................
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et ligne après ligne/and line after line
Du côté de chez…
Angèle Paoli
© ANGELE PAOLI | © Guidu Antonietti Di Cinarca
De l’autre côté
Les éditi•ns du Petit P•is
- Collection Prime Abord -
2013
Site éditeur | © http://cordesse.typepad.com/leseditionsdupetitpois/2013/10/de-lautre-c%C3%B4t%C3%A9.html
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le miroir / s’incline / sur la gauche
large bande de lumière / diagonale
sur la roche
[moi] ? dedans même inclinaison
visage à découvert sérieux
front plissé / je / cherche
qui d’autre que moi ?
torsade bleue foulard / autour / le long
la main (en) insert paume courbée
doigts repliés
des filaments traversent
dos arrondi
feuillages pris
dans leur masse
verdure
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■■■ Angèle Paoli
Née à Bastia, Angèle Paoli a enseigné pendant de nombreuses années la littérature française et l’italien.
Elle vit actuellement dans le Cap Corse, où elle développe la revue numérique de critique et de poésie Terres de femmes, créée en 2004 avec son mari éditeur Yves Thomas et le photographe et architecte Guidu Antonietti di Cinarca. Parmi ses publications : Le Lion des Abruzzes, éditions Cousu Main, 2009 ; Carnets de marche, éditions du Petit Pois, 2010 ; Camaïeux, livre d’artiste, éditions Les Aresquiers, 2010 ; Solitude des seuils, livre d’artiste, éditions Le Verbe et L’Empreinte [Marc Pessin], 2011 ; La Figue, livre d’artiste, 2012. Préface de Denise Le Dantec ; Les Romans de la Corse (avec Paul-François Paoli),éditions du Rocher, 2012 ; Solitude des seuils, Colonna Édition, 2012. Liminaire de Jean-Louis Giovannoni ; De l’autre côté, éditions du Petit Pois, 2013. Angèle Paoli a aussi publié des poèmes et/ou articles dans de nombreuses anthologies (dont l'anthologie Pas d'ici, pas d'ailleurs, qu'elle a coordonnée avec Sabine Huyhn, Andrée Lacelle et Aurélie Tourniaire, éditions Voix d'encre, 2012) et revues (parmi lesquelles Europe, Siècle 21, La Revue des Archers, NU(e), Semicerchio, Thauma, Diérèse…). Le Prix européen de la critique poétique francophone Aristote 2013 lui a été attribué par le Cénacle européen francophone de Poésie, Art et Littérature.
SITES À CONSULTER
[TERRES DE FEMMES]
Site de l’auteur| © Cliquer ICI
[RECOURS AU POEME]
Plusieurs articles| © Cliquer ICI
[LES EDITIONS DU ROCHER]
Editions de : Les romans de la Corse | © Cliquer ICI
[SITAUDIS]
| © Cliquer ICI
[TERRE A CIEL]
| © Cliquer ICI
14:40 Publié dans Angèle Paoli, Les Editions du Petit Pois | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
28/06/2012
Nathalie Riera, "Variations d'herbes" (une lecture d'Angèle Paoli)
Nathalie Riera, Variations d’herbes
Les éditions du Petit Pois, Collection Prime Abord,
Béziers, 2012.
AU BOIS SACRÉ DE SON CORPS
Lecture d’Angèle Paoli
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■■■ Dans les pliures ivoire des cahiers volants de Variations d’herbes se déploie un chant d’amour. Amour de la vie et de la nature, plaisir de l’éros, glissent à travers les poèmes-vagues de ce petit opus, séparés par des stries ondulées qui pourraient évoquer « les crinières de blé », ou le mouvement du vent dans le chignon défait de la belle, Bois sacré de son corps.
Dès l’ouverture de Variations d’herbes, la beauté rapide des chevaux engage la poésie de Nathalie Riera dans une course à vivre en harmonie avec une nature libre, dégagée d’entraves vaines. On pourrait croire à une traversée parfaite des chevaux dans le paysage, à la fusion idéale du cheval avec son amazone, si la femme n’était une amante de feu que le moindre geste, le moindre effleurement des doigts et des langues lance sans faux-fuyant ni atermoiement dans l’ardente effusion de l’amour :
lui dit : est lisse l’air de ta peau, hiéroglyphes tes lèvres où je m’attarde.
Et elle :
presque une danse
que nul n’oublie
je viens du feu
tiré du travail de mains jamais lasses
Et eux deux, dans la symbiose des corps aimants :
« (nos corps, je me relève, tu te redresses)
tout apaisement est fruit, le bon est notre demeure (viens !
donne-moi, tu aimes ça, portée par ce qui te plaît) »
Liés à cette triade, les « mots à venir » ― dont la lenteur à poindre exaspère parfois la poète friande ― lance sur les voies du poème celle qui n’a pas « d’histoire à raconter ». Étonnante composition de textes brefs, Variations d’herbes joue sur l’alternance des caractères en italique et en romain, joue des interlignages, mais aussi des parenthèses et des esperluettes, ensemble d’une écriture « botanique » portée par « l’amande la menthe » et toujours, dans un angle [in angulo], survient « la liesse des chevaux liés au monde ».
Les titres des poèmes, aux caractères sans empattement ― avec ou sans sous-titres, numérotés ou non ― sont à eux seuls variations ou louvoiements énigmatiques de phonèmes, de couleurs – noire ou grisée [alta voce ou voci grige a cappella] ―, d’options typographiques (avec ou sans capitale à l’initiale du mot-titre). À quel souci particulier de géométrie répondent ces dissemblances ? Rien de tangible qui permette de lever le mystère. Dès lors, se laisser porter par ces variations polyphoniques de la partition, annoncées dès la vignette grise et verte encollée sur l’aplat violine d’une couverture à double rabat. Se laisser porter par cette lenteur fluide des mots, là où la poète les voudrait « guêpes galops et vent », se couler avec elle dans l’espérance qui vit dans « une poignée de terre », traverser « le livre des eaux » dans la présence discrète et bienveillante du vert, « poésie parmi les lampes et les plantes ».
Toute la beauté du monde est au cœur des poèmes ― contrepoint de rythmes et d’images ―, comme elle l’est aussi dans les choix esthétiques de ce très élégant petit recueil. La beauté tient au corps de celle qui aime à faire palpiter la beauté au cœur de sa vie et des mots. Puisque beauté il y a. ■■■
JUIN 2012 © Angèle PAOLI
© D.R. Texte angèle paoli, juin 2012
Autres sites à consulter
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■Nathalie Riera lisant un extrait du recueil « Variations d’herbes »
21:27 Publié dans Angèle Paoli, Nathalie Riera, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
28/01/2012
Terres de femmes n°86 – janvier 2012
Responsable de la rédaction : Angèle Paoli
Coordination éditoriale et mise en pages : Yves Thomas
Direction artistique et mise en images : Guidu Antonietti di Cinarca [G. AdC]
08:17 Publié dans Angèle Paoli, FRANCE | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
27/10/2010
CAMAÏEUX, Angèle PAOLI
24 exemplaires originaux avec des Suminagashi et un Gaufrage
de Véronique Agostini
Camaïeux du roulis régulier de la vague
crépitements crêpelés de lumière ambre rousse
grenailles de cailloux de criques aux bruyères
incendiées de folioles
clairs de terre en camaïeux
de chants de cuivre
de cymbales et crotales
de feu.
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Véronique Agostini
Editions les Aresquiers
27 avenue d'Ingril - 34110 Frontignan - FRANCE
www.agostiniveronique.com
18:30 Publié dans Angèle Paoli | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
09/10/2010
Angèle Paoli, Carnets de Marche (une lecture de Tristan Hordé)
NOTE DE LECTURE
(Tristan Hordé)
Carnets de Marche
ANGÈLE PAOLI
La marche solitaire me semble être une activité complète : elle est un bienfait pour le corps certes, mais elle offre aussi petits et grands bonheurs par les découvertes de la faune et de la flore, on y réinvente à chaque fois les paysages et l'on ne cesse d'y examiner ses jours, ses rêves, ses craintes, d'analyser ce qu'il en est des relations avec ses proches ; on finit par s'arrêter pour lire, regarder le ciel, un arbre, les mouvements des animaux... Dans les Carnets de marche d'Angèle Paoli, tout cela est précieusement noté.
L'espace et le temps du récit sont apparemment homogènes, il s'agit des sentiers et routes empruntés à partir d'un point fixe, une maison dans un hameau du Cap Corse, pendant plusieurs saisons, et chaque séquence du récit correspond le plus souvent à une marche. Cependant, sont introduits ici et là des souvenirs de la vie passée, et ces évocations d'autres temps et d'autres lieux menacent alors l'équilibre présent : le hameau n'apparaît plus comme un havre mais comme un lieu d'exil. La boucle de la marche ne suffit plus à assurer l'ordre du récit ; il est rétabli par la présence constante d'un élément, le vent qui, outre qu'il s'accorde par son mouvement avec l'agitation intérieure de la narratrice, soude les séquences. On commence : « Tu écoutes la chevauchée du vent dans les chênes » ; avançons : « Des vents à couper le souffle», « Le vent sarcle la montagne jusqu'à l'os » ; lisons la dernière phrase du livre : « Le silence vent du matin qui gifle et qui grince plein fouet ».
C'est encore le vent qui transporte les odeurs, celle des cochons comme celle des arbres — ainsi l'odeur « de chêne mouillé, mélange subtil de terre, d'eau, de feuilles » —, découvertes au cours de la marche comme mille et une manifestations de la vie dans le maquis et la forêt, les « minuscules enchantements du jour » : chèvres qu'appelle le berger, oiseaux dont on ne connaît la présence que par le cri, lézards vite enfuis, marcassin qui passe rapidement devant vous. La narratrice voudrait tout retenir et emporte d'ailleurs dans son sac ce qui peut l'être, des rondins de bois abandonnés, un nid de mousse, un rameau d'arbouses...
Il y a très fortement un désir de fusion avec la nature qu'elle arpente ; une des belles séquences des Carnets, par exemple, est consacrée au désir de devenir végétal : « Je suis arbre [...] Mon corps s'enracine [...] Je me coule dans l'arbre, me fonds à son corps de silence et de vent. » On rapprochera ce fantasme d'une disparition heureuse à un autre moment du livre où s'exprime le « désir de retour au ventre des origines » ; pourtant bien que la mère soit présente dans les Carnets, c'est par une relation particulière à la terre que passe ce désir : « c'est par le sexe qu'il t'est donné de le vivre à nouveau. Tu caresses les forages de la roche fissurée, lèvres et ourlets de chair minérale [...] La chair se fend sous l'insistance de tes doigts [etc.] »
Bonheur, donc, de se retrouver, d'être soi-même dans une nature sensuelle et accueillante ? Ce serait trop vite oublier une partie des Carnets. Parfois, le chemin suivi se perd dans des broussailles impénétrables, le but est impossible à atteindre et il faut revenir en arrière, modifier son itinéraire. L'incident suscite de sombres réflexions chez la narratrice, « le sentier introuvable » devient la « métaphore de sa vie ». Chaque fois qu'elle cesse d'observer ce qui l'éloigne de sa difficulté à vivre, alors « elle oublie qu'elle marche. Peut-être ira-t-elle à oublier qui elle est. » Cet oubli, le lecteur le suit sans peine dans la relation qu'elle fait de cauchemars qui disent la dissolution « dans les interstices du sol », la chute dans un trou avec la sensation d'une « béance sans visage ».
En même temps qu'un bonheur rousseauiste, les Carnets relatent la rupture d'avec une femme aimée, d'autant plus pénible à supporter qu'elle s'effectue progressivement, sans être exprimée. C'est la raréfaction des courriers, leur laconisme qui font comprendre à la narratrice que "tout est fini". Amour perdu qui, à certains moments, désoriente à un tel point que le corps semble ne plus avoir de lieu, et alors « Être ici, cela renvoie à tout ce que tu as perdu ».
Cette intégration difficile de la perte de l'Autre provoque une quasi impossibilité à prendre en charge le récit. La narratrice, c'est d'abord et dans une grande partie des Carnets, "elle", que l'on ne distingue pas toujours dans certains passages du "elle" désignant la femme aimée. D'un paragraphe à l'autre, ce "elle" narratrice devient un "tu", mais le dédoublement évite encore le "je", qui obligerait peut-être à répondre à la question « Qui fuit-elle ? » Cet emploi complexe des pronoms est explicité : « Cette distanciation [par le "elle"], toujours, qui l'empêche d'assumer son "moi". Elle, elle hésite. Le "je" qui se met sans cesse en avant, ça la contrarie. Elle le trouve trop exclusif, trop égocentré. Elle lui préfèrerait le "tu", qui ouvre le dialogue avec cette autre part d'elle-même, instaure le va-et-vient entre une forme de regard et une autre, un angle de vue et un autre. »
Le "je" n'est pas absent, mais Angèle Paoli use soit des ressources de la ponctuation pour signifier la distance dans l'écriture (c'est alors "je," ou "mon,"), soit supprime toute démarcation entre les éléments du discours, ce qui donne l'impression d'un flux de pensées qui n'auraient pas besoin d'être hiérarchisées. On pourrait dire qu'alors cette absence de distance marque la fin du deuil de l'Autre — le "elle" ambigu n'est plus nécessaire —, la possibilité par la narratrice d'être ce qu'elle est, sans (se) dissimuler. Ce n'est pas le moindre intérêt de ces Carnets de marche.
© Tristan Hordé, octobre 2010
Editions du Petit Pois, Béziers, 2010
■ LIEN : http://cordesse.typepad.com/leseditionsdupetitpois/auteurs/
+ d’infos
20:58 Publié dans Angèle Paoli, NOTES DE LECTURES/RECENSIONS, Tristan Hordé | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook
11/03/2010
Anthologie poétique (Angèle Paoli)
ANTHOLOGIE POETIQUE TERRES DE FEMMES
60 femmes poètes contemporaines
60 femmes poètes contemporaines
16:27 Publié dans Angèle Paoli | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook