04/10/2010
Marcelle Auclair, « La vie de Sainte Thérèse d’Avila/La Dame errante de Dieu »
© Huile sur toile : Sainte Thérèse d’Avila
On admirait que la religieuse de vingt-six ans ait gardé le charme de la jolie fille que le monde avait tant fêtée, et qu’elle ait, en plus « quelque chose de substantiel », acquis au cours des années d’isolement dû à sa maladie, fruit de ses copieuses lectures, de ses méditations et de ses épreuves. Sa solidité de jugement, son ouverture d’esprit, captivaient d’autant plus qu’en un temps où tant de belles dames se piquaient de grec et de latin, elle s’excusait en riant de n’être point savante. Ce don d’attirer et de retenir la suivit toute sa vie ; le licencié Don Antonio Aguiar qui la connut tardivement, à Burgos, dit qu’il passait auprès d’elle « toutes les heures du jour sans s’en apercevoir, et celles de la nuit dans l’espoir de la voir le lendemain ; car sa façon de parler était fort gracieuse – et le mot gracioso en espagnol ajoute une pointe de drôlerie à la grâce, - sa conversation à la fois très douce et très grave, simple, sensée, et comme émanant de son cœur : tant elle brûlait de l’amour de Dieu ! Il rayonnait de ses paroles un feu si doux qu’il faisait fondre sans les brûler les cœurs de ceux qui l’approchaient ; car parmi ses dons, elle avait gratia sermonis et entraînait à sa suite, où elle le voulait, pour ce qu’elle voulait, ceux qui l’entendaient… On eût dit qu’elle tenait en main le timon qui retourne les cœurs… ». C’est ainsi que déjà à l’Incarnation rayonnait celle que ce même Aguiar appellera « l’aimant du monde ».
Marcelle Auclair, « La vie de Sainte Thérèse d’Avila/La Dame errante de Dieu », éd. Du Seuil, 1950, (p. 79)
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