11/03/2012
Patti Smith, Auguries of Innocence
■ Patti Smith by Linda Smith Bianucci
Patti Smith
American singer, poet & visual artist
(Née à Chicago en 1946)
■ LIEN : http://www.pattismith.net/
Née en 1946, Patti Smith grandit dans le New Jersey et s'intéressa très tôt à la musique, écoutant les Rolling Stones, The Velvet Underground, Jimmy Hendrix, James Brown... A son arrivée à New York, elle rencontre le photographe Robert Mapplethorpe encore débutant. Ils se soutiennent mutuellement à leurs débuts. C'est également à cette époque qu'elle rencontre William Burroughs. D'abord tournée vers la poésie, son premier enregistrement important fut une version d'un poème de Jim Morrison. Au cours des années 1970, elle fut progressivement amenée à faire fusionner de tels écrits avec son expérience du rock. En 1971, elle donna ainsi une lecture à l'église St Mark, accompagnée à la guitare par Lenny Kaye; cette liaison informelle se poursuivit pendant trois ans, le duo fut rejoint par Richard Sohl (piano) pour former le premier Patti Smith Group.
■ http://www.christianbourgois-editeur.com/une-nouvelle.php?Id=46
MUMMER LOVE
[…]
oh stolen book my salvation no crime sweet no scent mesmeric no snow so light than the simple knowledge of you rimbaud sailor face words hidden in mu blouse so close to my breast
–piss factory draft
The years saw me grow long-limbed awkward inexplicably maverick. I sought my kind and found none. How you rescued me. Your peasant hands reaching through time wrapping my young heart. Your poems, found in a stall by the greyhound station I dogged dreaming of escape, were my ticket out of my cloistered existence. Words I could not comprehend and yet, deciphered by blood, illuminated adolescence. Armed with you I fled the rural suffocation of southern New Jersey past the streets of our forefathers to New York City of poet rats and public transit. I wrote with the image of you above my worktable, vowing to one day trace your steps dressed in the watch cap and coat of my present self.
------------------------- (P.127)
MASQUES D’AMOUR *
[…]
ô livre de mon salut pas de crime plus doux pas de parfum plus entêtant
pas de neige plus légère que ton livre volé toi rimbaud
face de marin dont je cachais les mots sous mon corsage contre mon sein
–brouillon de l’Usine à Pisse
Les années me virent grandir tout en longueur bras et jambes devenir gauche et inexplicablement à part. Je cherchai ma famille sans la trouver. Ah ! comme tu m’as délivrée ! Tes mains de paysan plongeaient à travers le temps pour étreindre mon jeune cœur. Tes poèmes, trouvés dans un kiosque près de la gare des bus Greyhound où j’allais traîner et rêver de fuite, furent le billet qui me délivra de mon existence cloîtrée. Tes mots que je ne saisissais pas, déchiffrés à la lecture du sang, illuminèrent mon adolescence. Armée de toi je m’échappai de la suffocante campagne du sud du New Jersey, quittant les rues ancestrales pour le New York des rats poètes et du trafic public. J’écrivais, ton portrait au-dessus de ma table de travail, me jurant qu’un jour j’irais sur tes pas, habillée de ma casquette et de mon manteau du moment.
------------------------- (P.127)
* Mummer : dans le monde rural anglais, personnage costumé et masqué lié à des rites célébrant le retour des saisons.
PRESAGES D’INNOCENCE/Auguries of Innocence
Patti SMITH
Christian Bourgois Editeur, 2007
Textes traduits de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Darras
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SHE LAY IN THE STREAM DREAMING OF AUGUST SANDER*
You, I write beloved black ace Ophelia
extravagantly pierced dread pale moon.
Negatives inflame your immutable eye,
hands face feather soaked in love.
Cast your pearls pen the pink fat night.
Comb ashes from the garden asylum,
the white cliff of ambition shedding.
Shoot baby shoot, powers can alter.
Her human cathedral hung with tassels
of hair threaded with golden string.
And the sang as she slid dangerously alive
through long arms of trailing algae.
I have collected children. I have felt
the museum fled that mountain–viewed
with suspicion memories snowing.
the white cliff of ambition
in those soft trine
She unfastened the strings and fruit erupted.
The flayed mule became one with her,
they lay uncorrupted in the deep grass
pecked palm to palm by ebullient fowl.
You are my summer knight she whispered.
The spokes of the wheel bear witness.
A barren heart is a heart that does not choose.
Beloved, come down fluid like naked convinced
a heart has stopped floating orchid child.
Horns of angel turned in virulent dust,
being to feel found shelter in fire.
The first roar dry and blood brown
crisscrossing the Kingdom of a wrist.
------------------------- (P.60)
ALLONGEE DANS LE COURANT, ELLE REVAIT A AUGUST SANDER*
Toi à qui j’écris, figure d’as noir mon amour Ophélie
ma terrible lune pâle percée de trous extravagants.
Les négatifs enflamment ton œil immuable,
mains, visages, plumes baignées d’un bain d’amour.
Jette tes perles dessine l’épaisse nuit rose.
Peigne les cendres à l’asile du jardin,
effeuille la falaise blanche de l’ambition.
Tire, mon amour, tire, les puissances parfois varient.
Sa cathédrale humaine était ornée de festons
de cheveux passementés de fils d’or.
Vivante elle chantait quoique glissant périlleusement
entre les bras des longues algues traînantes.
J’ai rassemblé les enfants. J’ai senti
que le musée avait fui la montagne – j’ai vu
avec méfiance les souvenirs qui neigeaient.
les falaises blanches de l’ambition
en cette tendre trinité
Elle dénoua les fils et les fruits explosèrent.
La mule écorchée ne fit plus qu’une avec elle,
toutes deux gisant dans la haute herbe incorruptible
où des volatiles leur picoraient fiévreusement les paumes [une à une.
Tu es mon chevalier d’été, murmura-t-elle.
Les rayons de la roue en témoignent.
Un cœur stérile est un cœur qui ne choisit pas.
Ma chérie, laisse-toi glisser fluide et nue convaincue
qu’un cœur a cessé de flotter mon enfant orchidée.
Les trompettes d’anges se changèrent en poussière [virulente,
l’être sensible trouva refuge dans les flammes.
Premier claquement sec, du sang marron
quadrilla le royaume d’un poignet.
------------------------- (P.60)
* August Sander (1876-1964), photographe allemand spécialiste du monde rural autour de Cologne.
02:37 Publié dans Christian Bourgois Editeur, ETATS-UNIS, Patti Smith | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook