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10/01/2009

Michel Deguy

 

Michel DEGUY

Poète&Ecrivain

Directeur de la revue Po&sie

(Né à Paris en 1930)

 

P o i n t    d e    v u e


 

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Photo Internet

 

A quel âge de la vérité en sommes-nous ? Ou du nihilisme ?

L’Impair.

2001, Farrago/Léo Scheer

Lire un extrait sur remue-net

 

 

 

" … le contre-courant funèbre, le complot du destin, affliction et nuisance, la conspiration de la perte, voici la morition des proches, la contagion des maux, l'acerbe érosion, la calomnie générale, l'abréviation de la vie, l'encombre, la terre périmée, l'extermination du passé, le périr. " Questionnements pour Michel Deguy sur "la raison poétique"

 


Dans l’emportement actuel pour le mélange de tout avec n’importe quoi, il y a un risque très fort pour la pensée. C’est le n’importe quoi qui menace toujours. Comme si le mélange avait plus de valeur que les ingrédients.

 http://www.maulpoix.net/Deguyentretien.html

 

 

Quelle hypothétique fonction assigner encore au poète, en un temps où « la poésie n'est plus l'institutrice de l'humanité» ? Ni prêtre ni berger, ni Messie ni prophète, il n'est pourtant pas disposé à donner son congé, ni ne montre de goût pour la malédiction (…) Michel Deguy : Pourquoi la poésie ?

 

De l’écologie.

Un géocide est en cours. Il ne pourra pas y en avoir deux. Si « l’habitation poétique » du terrestre - pour reprendre encore une fois, malgré l’épuisement, les mots de Hölderlin - a encore du sens (de la glose, de la paraphrase, devant elle), alors n’est-ce pas avec l’écologie fondamentale qu’une poétique futuriste pourrait (devrait) s’allier ? La poésie peut-elle jouer un rôle d’alarme écologique, d’auxiliaire de la pensée écologique ? Michel Deguy et la revue Po&sie

 

 

 

 

Sur le site de François Bon, voir et entendre Michel Deguy filmé par Métropolis (au Centre dramatique national Nouveau Théâtre de Montreuil)

 

Michel Deguy vivant

 

 

Quelque chose m'irrite souvent dans les lectures, qui ont lieu partout. Comme si ça allait de soi que ce soit bien qu'il y ait un auditoire, des gens qui s'appellent poètes ou écrivains et qui disent : ce soir on va lire ! Mais qu'est-ce qui se passe ? Ça peut bien ne rien être du tout. J'essaie de tenir deux choses. Je crois que le poème a lieu en vue de la citation, c'est-à-dire du moment de rencontre où une circonstance prend du sens à la lumière de ce qui est dit d'elle par quelque chose qu'on lit, qui peut être un texte ancien. Donc c'est une rencontre, mais il ne suffit pas que mécaniquement il y ait une lecture, au sens où un tel, auteur ou non, ouvre un livre et fasse entendre des phrases devant un auditoire et dans une salle pour qu'il y ait la chose que veut provoquer l'oeuvre d'art. Ça serait trop facile. Evidemment, c'est presque tout le temps comme ça que ça se passe puisque, quand je vais dans un musée, circulant devant les toiles, d'une certaine manière, je ne les vois pas. La poésie a lieu, en tant que poème, en vue de la citation. Par citation, j'entends la rencontre de la formule et du lieu. Prétexte Hors-Série 9

 

 

 

30/11/2008

Michel Deguy - Ouï dire

 

Alluvion des cris  Minerai d’hirondelles

Dans le delta du vent les plissements du vent

                        La trembleraie bleuit

Le pouls de l’étang bat

                        Toutes les trois heures un poème

                        Devient nouveau puis se ternit

                        Sous la lecture Recroît dans le silence

 

(Epigrammes, p.42)

 

 

 

 

 

            L’île paysanne, l’originale coxalgique à bracelets de langoustes, la veuve à colliers d’hortensias ôte et remet en caprice la mantille des pluies

            Coulées de lave des hauts chemins jusqu’aux grèves ponce

            alors la foule des pierres en deuil, à genoux, prostrées, dressées vers le large

Comme une vieille fleuriste les cheveux pleins de liserons descend chaque matin des couronnes mauves à la mer tombale

            La mer prend la moitié de tout

            Les éperviers chaulent le ciel ou vérifient au fil à plomb les bâtis d’eucalyptus et les cryptomérias

La salive des pics féconde les ignames et les conteiras ; l’eau transchtonienne porte à la bouche des rhizomes les sels en fusion

            L’immense métairie paît son bétail d’écumes

            Le paysan d’une épaule à l’autre revêt lentement la chasuble de mer et son petit cheval de justice ouvre une vallée obtuse : ses pas inventent le thalweg dont un versant est toujours bleu

            Taureaux humides et monstrueux mis à mort dans la place océane deviennent murs de cendre où les enfants graffitent

            Des vaches belles comme Europe, les cornes chargées d’hortensias, les vaches nycthémères hivernent les quatre saisons quotidiennes

            Les cerne la mer clairvoyante

 

(Procès verbaux, p.58/59)

 

 

 

 

 

L’air la prend par la taille

            Le reste amoureux lui souffle les joues

            Un tourneur peu visible achève ses bras

            L’entour règle sa ronde sur ses hanches

 

Elle transpose la douceur dont les murs sont capables

            Les choses s’arrangent comme ses femmes de chambre

            Elle resserre la douceur dont sont capables les couleurs

 

Sa tailles est l’horizon ses jambes les chemins ses bras le ciel sa taille la lisière ses bras la perspective

Le vide lui fait des ailes

            Les couleurs ses habits préparés sur les chaises son corset

                        Attentif

Le monde est son danseur

 

(Madrigaux, p.94)

 

 

 

 

 

Il est besoin d’un lecteur d’un geste d’un papier

D’un miroir Tu es visage ma feuille mon échancrure

Je suis le tissu pour que tu sois ton vide La surface

Pour que froisse la main L’aber où l’eau s’aiguise

Racine où le sol tressaille Ton blanc mon noir

Le creux pour ma difficulté le blanc pour que je sois

ce dessin que je ne serais pas Tu es peau pour

mon alphabet J’étais l’air pour que tu n’engorges

Alvéole pour que tu fusses arcade

 

(Madrigaux, p.98)

 

 

 

 

Editions Gallimard, 1966

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