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26/07/2012

George Oppen

GEORGE OPPEN

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© Editions José Corti Poésie complète, 2011

Série américaine

 

 

George Oppen.jpg

 

Extraits

Traduit par Yves di Manno

 

 

 

Même si dans une sorte d’été les durs bourgeons fleurissent

Avec une profusion féminine

 

Le « cœur de la

Taille d’un pouce », le petit noyau de l’être,

Si peu artistique,

 

Le cœur sans élégance

Incapable de saisir

Le monde

Et qui produit l’art

 

Ne s’avère pas plus gros

 

Qu’un petit faucon

Se posant échevelé sur le rebord d’une fenêtre.

 

Tels des faucons du moins ne sommes-nous pas

Nulle part, et je dirai

Où nous sommes

 

Même si cela perturbe

Les fenêtres qui surveillent

L’activité

Des jours

 

Dans les rues

Sans horizon, rues

Et jardins

 

Des technologies féminines

Du désir

Et de la compassion qui vêtiront

 

Tout un chacun, émergeant

De l’air

Incivil

Malfaisant

Comme un faucon

 

Du nid d’un

Faucon comme doit être

Dit-on le nid

 

D’un tel oiseau, et continuant

Donc à parler de la

Technologie des brindilles

 

--------------------------------------- (DANS CE QUI (1965), p.111)

 

 

 

[…]

 

32

 

Que simplement cela soit beau

Que simplement cela soit beau

 

Ô, beau

 

Rouge bleu vert – les lèvres humides

En riant

 

Ou la spirale de la coquille blanche

 

Et la beauté des femmes, la perfection des tendons

Sous la peau, la perfection de la vie

 

Qui peut tanguer dans le flux

Du désir

 

Non de la vérité mais de l’autre

 

La peau lumineuse, lumineuse, ses mains qui s’agitent

A l’aune de son incroyable besoin

 

--------------------------------------- (D’ETRE EN MULTITUDE (1968), p.208)

 

 

 

 

 

Source photographique

 

27/07/2011

George Oppen

George OPPEN,Poésie complète
éditions Corti, (à paraître le 3 novembre 2011)
Traduit de l'anglais par Yves di Manno 

oppen.jpg

 

Site de l'éditeur

 

 

 

 

SURVIE : INFANTERIE

Et le monde changea.

Il y avait des arbres et des gens,

Des trottoirs et des routes

Il y avait des poissons dans la mer.

D’où venaient tous ces rochers ?

Et l’odeur des explosifs

Le fer planté dans la boue

Nous rampions en tous sens sur le sol sans apercevoir la terre

Nous avions honte de notre vie amputée et de notre misère :

nous voyions bien que tout était mort.

Et les lettres arrivaient. Les gens qui s’adressaient à nous, à travers            

            nos vies

Nous laissaient pantelants. Et en larmes

Dans la boue immuable de ce terrible sol

 

 

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& AUTRE (extrait de NOTES ON PROSODY)

In L’art de la faim, Paul Auster, « Le multiple et le singulier », éd. Actes Sud, « Babel », 1992 (p.207)

 

 


Il est impossible de se tromper sans le savoir, impossible d’ignorer qu’on vient de gâcher quelque chose. Les mots non mérités sont, dans un tel contexte, tout bonnement ridicules…

Telle conscience que l’on peut avoir de l’univers, telle préoccupation de l’existence – nul mot ne les exprimait encore. Et le poème n’est PAS fait de mots, on ne peut pas fabriquer un poème en y accumulant des mots, c’est le poème qui fabrique les mots et contient leur sens… Quand un homme a peur d’un mot, il peut avoir commencé…