26/12/2013
Eric Sarner, Coeur chronique
ERIC SARNER
Cœur chronique
(Le Castor Astral, 2013)
Encre de couverture : Éric Sarner
Préface de Michel Deguy
Éric SARNER
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--------------------------------------------------------------------------- QUATRIEME DE COUVERTURE
Cœur chronique recense des évènements, des noms de lieux, de personnes, des œuvres et des mots qui, à tel ou tel moment, ont trouvé chez moi un écho émotionnel, écho retranscrit ici en vers ou en prose.
Du début à la fin, ce qui nous tient, n’est-ce-pas, ce sont bien nos émotions et ce qui souvent les accompagne, nos interrogations.
Le travail du poète est de tendre parole à tout cela.
D’y tendre…
É. S.
--------------------------------------------------------------------------- BIOBIBLIO
ÉRIC SARNER vite entre Berlin, Paris et Montevideo. Réalisateur d’une vingtaine de documentaires pour la télévision, il est l’auteur de récits de voyages, comme La Passe du vent (Payot), Sur la Route 66, petites fictions d’Amérique (Hoebeke) et Un voyage en Algéries (Plon), ainsi que des recueils de poèmes dont Eblouissements de Chet Baker (La Passe du vent), Et comme emportés, on demeure (Dumerchez), et Ballade de Frankie (Le Castor Astral).
Il vient de recevoir le Prix Max Jacob pour son recueil "Cœur chronique".
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Femme au manteau
de chair
jouant aux angles
géométrie
de ses formes
de son
destin
son visage
borde les écritures
elle n’en voit rien
ni
la fumée
de l’autre côté
du lac
encapuchonnée noir
encapuchonnée arbre
sur l’eau
dans sa barque
un pêcheur la regarde
fouler
la neige
--------------------------------------------------------------------------- p.33
***
Effondrement du cœur
d’étoiles massives
en fin de vie
le plus ancien
le plus lointain
sursaut de rayons gamma
13 milliards d’années
d’autres bouffées
plus lointaines
plus anciennes
encore
seront repérées
dans le futur
dit le savant
peut-être un jour
pourra-t-on étudier
les toutes premières étoiles
et la fin de l’âge sombre
de l’univers
--------------------------------------------------------------------------- p.38
***
Elle
noire de la jupe aux cheveux
des yeux jusqu’au corsage
bouche mince
et rouge comme noire
je me rappelle son pas
glissando
une brise retenue
un tigre insomniaque et fiévreux
le nom d’une fleur mauve
quand je remontais du port
Goûter sa salive
--------------------------------------------------------------------------- p.51
***
La nuque de cette femme
y poser des figues vertes
des sanglots de fin juillet
des fièvres dignes du vaudou
de petits fleuves sans fin
autour de ses épaules
déposer
tout ce qui doit rester
le petit pont sur l’Arno
une amoureuse évanouie
quelque danse criminelle
les forêts au-dessus du Danube
et puis où encore
et sur quoi d’invisible
ce qui
ne se peut
voir
femme de pigments secs
pour toujours
déjà absentée
le 7 janvier 1911
--------------------------------------------------------------------------- p.53
***
Sur un trottoir
trempé
je trouvais ce mot
le cœur
est
un loup
pour l’homme
--------------------------------------------------------------------------- p.62
***
Les phénomènes de l’amour
comme si l’amour
était un champ d’érudition
algèbre et pas seulement géométrie
histoire et symbolique
et pas simple géographie
bestiaire furieux
outre les musiques de joie
ou de chagrin
seule la fin
sépare
probablement
le réel
de l’irréel
avant que le rhum coulant encore
on découvre
ceci
le texte sans doute est exact
la vérité est sûrement fictive
--------------------------------------------------------------------------- p.69
Ces poèmes sont extraits de « Expérience de l’hiver » in Cœur Chronique.
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19:51 Publié dans Eric Sarner, Le Castor Astral | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | Facebook