26/01/2009
Emeric de Monteynard
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CONCÉDER L’OR ET LE BLEU
Emeric de Monteynard
Editions Eclats d’encre, 2002
Note de lecture
Nathalie Riera
Démesure de l’image qui trahit la terre. Mais du côté de la poésie, dans sa vigilance et sa ténacité à oser la césure, du côté de ce qui nous incite à écouter, qu’attendre de toute parole qui se réduit dans sa propre bruyance, et de son morne projet de mots à trop peser, à trop nous écarter ? De quelle démesure l’être parlant est-il frappé ? de quelle colère ? quand celle-ci n’est à jamais qu’une réponse à l’aporie. Jusqu’à ce que de soi-même se rendre à la terre du silence, où se sentir accueilli, invité à l’éveil.
Lorsqu’on lit Emeric de Monteynard, on se dit que l’esprit n’est pas en quête de savoir mais de trouver douceur, et il y a un temps pour cela ; le temps probablement que cessent toutes rumeurs à nous faire croire que les chants de la terre ont définitivement perdu leur or et leur bleu.
Qu’aurions-nous encore à entendre de ces couleurs qui participent à l’instant, en même temps qu’elles le fêtent comme on fête un enfant. Ainsi, Emeric de Monteynard insiste à nous demander : « L’entends-tu le silence, l’entends-tu qui dilue et te courbe le cœur ? »
« Contempler/Lentement », nous dit le poète, de même nous faut-il continuer à ne pas renoncer aux danses de l’air et au feu qui n’est pas ce qui rend le cri plus aigu ou plus haut, mais peut-il permettre à la lumière, même captive, de régner libre (aut lux capta hic libera regnat).
Que mon corps égaré
S’embellisse de terre !
(p.57)
EXTRAITS
(…)
Bien avant qu’un tracé se dessine
(à peine)
et que l’écart entre tes mains
s’établisse,
tu devras nous léguer ces silences
amassés
pour que battent les quêtes
et susciter le feu
l’effusion des orées,
pour que les astres se parlent,
durent…
et que d’autres demeurent à prier.
(…)
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S’il se peut qu’un silence assemble
et aguerrisse
S’il se peut qu’une feuille
choye au sol et se taise et s’efface
à jamais
S’il se peut que des pierres
réfléchissent parfois la lumière et que
d’autres l’évincent
S’il se peut que mes yeux se resserrent en mes mains
et se ferment un moment
S’il se peut que cet homme
ailleurs
renonce à l’air
à le voir
Il se peut
qu’il nous faille oser l’étendue
et que s’immisce enfin
la Joie.
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Il est des lieux
Où le temps
Nous éclaire
Où massives
Les pierres
Se taisent
Où le cœur
A l’étroit
Entend
S’ouvre
Et compose.
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Quand tout semble et se meut
Que sous l’eau que l’eau froisse
Et la pierre et le sel
Ensemencent l’effluve
Que mon corps égaré
S’embellisse de terre !
Et quand s’étale
Au loin
L’horizon
Immobile et fidèle
Un défi.
À consulter
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