30/04/2020
Gilles Ortlieb, "Un dénuement. Arthur Adamov"
Gilles Ortlieb
UN DÉNUEMENT Arthur Adamov
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Extrait
pp. 50-51
Je le revois encore, pieds nus dans ses sandales, à Saint-Germain-des-Prés. Pas si différent d’Artaud si souvent croisé sur les mêmes trottoirs. À cela près qu’Adamov était lucide, conscient, présent. De toute façon, l’Adamov première manière est l’un de ceux qui ont le mieux continué, prolongé l’enseignement d’Artaud. C’était un personnage fascinant. A cause de sa culture, d’abord : il donnait l’impression d’avoir lu tous les livres. A quoi il fallait ajouter cette expérience, particulièrement singulière et riche et aigüe qu’il avait de la vie. Une grande difficulté d’être, les graves problèmes, les vertiges que nous révèle L’Aveu. Mais il avait de surcroît participé à tous les mouvements littéraires et politiques de son époque depuis qu’il était arrivé à Paris, à seize ou dix-sept ans. Un virtuose de la parole. Il avait beaucoup d’humour. C’est un aspect d’Adamov que l’on mentionne peu mais que tous ses amis connaissent. C’était aussi un conteur prodigieux, doué d’un extraordinaire humour. Il y avait une communication intense entre l’adolescent que j’étais et lui. C’était un homme blessé et tout adolescent est blessé dans la mesure où le monde se refuse à lui. Je me suis reconnu en lui. C’était mon expérience. C’était moi. (Laurent Terzieff)
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■ © éditions Fario, 2019
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