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23/11/2016

Andrea Zanzotto (extrait de "Idiome")

 

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 | © Andrea Zanzotto Photo : Undo.Net | © Pier Paolo Pasolini

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Idiome

[extrait]

 

 

Librairie José Corti, 2006

© Andrea Zanzotto pour le texte italien

Édité en Italie par Arnoldo Mondadori editore, Milano.

© José Corti pour le texte français.

Selected poems
Traduit de l’italien, du dialecte haut-trévisan (Vénétie) et présenté

par Philippe Di Meo    

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José Corti ICI

 

Notice bio&bibliographique

Andrea ZANZOTTO (1921-2011), natif de Pieve di Soligo, dans la région de Venise. Il est un des poètes les plus considérables de la deuxième moitié du XXème. En 1950, le Prix San Babila lui est décerné par un jury où siègent Giuseppe Ungaretti, Salvatore Quasimodo et Eugenio Montale.

 

 

EXTRAIT

 

en souvenir de Pasolini

 

 

Allant à l’école, dans le train,

entre Sacile et Conegliano

tu mangeais ton morceau de pain ;

je n’étais pas bien loin,

mais en ces temps-là, dix kilomètres étaient une immensité.

C’est pourquoi en ce temps-là,

deux garçons ne se sont jamais rencontrés.

Mais quand donc aurions-nous pu

nous trouver sous le même abri

d’une petite gare en plein champ

avec sa petite cloche qui fait ding, ding, ding

pour nous dire combien profond est le ciel clair –

            et, entre temps, heures, journées et saisons

            avec l’ombre qui écrit s’en vont,

            par les vitres, murets, prés et maisons,

            par les haies et partout dans les lieux écartés,

            racines et gribouillis ?

Mais quand donc, avant qu’arrive le train,

aurions-nous eu le temps

d’échanger deux ou trois mots,

les seuls qu’il peut donner sur cette terre

pour que nous nous connaissions un peu, un peu mais vraiment ?

 

            Plus tard, nous nous sommes parlés, nous nous sommes lus ;

            parfois, nous nous sommes querellés ou nous nous sommes tus,

            la vie nous a poussées sous des horions

            et des traquenards différents,

            moi, immobile, barbouillé de mes vers,

            toi partout avec ta passion pour tout ;

            mais il y avait pourtant un fil pour toujours nous lier :

            de ce qui importe, nous avions la même idée.

 

Je t’attendais ici, en haut où, encore,

avec leurs scintillements soupirent les alba pratalia

mais toujours plus pourris par en dessous et en dessus ;

toi, tu t’es porté avec courage

là où l’Italie délire davantage.

            Ah, pardonne-moi, si maintenant je ne sais te donner

            autre chose sinon ce marmottement, d’un vieil homme désormais…

 

            C’est seulement un pauvre effort, un tremblement,

            pour recoudre, et d’une certaine façon relier

            – un moment seulement, pour te saluer –,

            ce qu’ils ont fait de tes os, de ton cœur.

 

……………………………………………………………………… (pp.117/118)

 

 

 

 | © JOSE CORTI, 2006

 

 

Sacile (Frioul), Conegliano (Vénétie) : villes où les jeunes Pasolini et Zanzotto se rendaient respectivement au collège.

Alba pratalia : vers célèbres de la Cantilène véronaise, attestant du passage du latin à l’italien, cité par Pasolini comme par Zanzotto dans leurs œuvres respectives. Ces prés blancs sont une image, mieux, une allégorie de la page blanche et de l’écriture.

En haut : autrement dit, en Haute Italie : soit : Rome, le centre du pouvoir politique, objet d’un ressentiment traditionnel de la part des Italiens du nord, d’autant plus inexplicable qu’ils représentent 60% des élus du parlement italien.

De tes os de ton cœur : évocation de la mort de Pasolini : ses os avaient été brisés, son cœur avait éclaté sous les coups reçus attesta l’autopsie pratiquée par les médecins légistes.

 

 

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12/11/2016

John Cage

 

 John Cage.jpgJohn Cage engraving at the Crown point Studio, 1982 

In memoriam

John Cage décède en 1992 d’une attaque cérébrale. Six semaines plus tôt, il donnait une conférence de presse à l’invitation du Quaderni Perugini di Musica Contemporanea, à Pérouse, le 23 juin 1992. J. Cage avait un attachement particulier à l’œuvre du philosophe et historien de l’art Ananda Kentish Coomaraswamy (1877-1947). Il partageait l’idée « que si l’art évolue, c’est en fonction de la conscience que nous prenons de la façon dont la nature travaille, de la façon dont elle opère ».* Chez le compositeur, ce sera la nécessité de recourir au hasard.

« Il nous faut penser le monde dans lequel nous vivons non seulement comme quelque chose que nous ne détruisons pas, mais comme ce avec quoi nous co-œuvrons ». (p.32)

« Nous persévérons dans l’idée qu’il importe davantage de présider plutôt que d’être un simple citoyen ». (p.34)

Proche de la musique de Luigi Nono, Cage aimait la musique, mais avant cela, disait-il, « j’aime les sons ». Pour lui, « Les sons que nous entendons sont la musique ». Pourquoi écrivait-il de la musique ? « (…) il n’y a en tout, que deux personnes qui font que j’écris de la musique : quelqu’un d’autre que moi et moi ».**

« Pour les oiseaux » est une suite d’entretiens avec J. Cage et le philosophe Daniel Charles, réalisée par les éditions de l’Herne (en 2002). Le regretté Daniel Charles nous offre une « Esthétique du silence » publiée en 2010 chez La main courante. Petit ouvrage à se procurer pour renouer avec l’un des créateurs les plus controversés du XXème siècle. 

 

* John Cage, « Je n’ai jamais écouté aucun son sans l’aimer : le seul problème avec les sons, c’est la musique », (p.14), éditions La main courante, 2010.

** Ibid., (p.25)

01/11/2016

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© Nathalie Riera

 

EXTRAIT

 

J’estime que notre pratique artistique va certainement évoluer, au même titre que notre conscience de la situation et de son aspect chaotique. Nous cesserons, pour commencer, de réduire chaque œuvre d’art à l’état d’objet, comme nous le faisons quand nous assignons à toute pièce musicale un début, un milieu et une fin. Notre sens de la contradiction nous fera concevoir l’art de façon différente. Personnellement, j’ai abandonné d’entrée de jeu le schème début-milieu-fin, de même que toute autre relation logique entre des parties (…) Par la suite, je renonçai à l’idéal de l’objet et lui substituai celui du procès ; et le procès dans lequel je me suis investi aujourd’hui est celui que j’ai décrit : les parenthèses temporelles et les opérations de hasard. Ce que je veux suggérer, c’est qu’avec une semblable liberté, la flexibilité des parenthèses de temps autorisera une meilleure compréhension des opérations de la nature, et qu’un meilleur modèle pour les relations sociales se fera jour si l’on autorise une telle flexibilité.

----------------------------------------------(p.28)

« Je n’ai jamais écouté aucun son sans l’aimer : le seul problème avec les sons, c’est la musique », éditions La main courante, 2010.

 

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03/11/2016

Marion Boehm

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Marion Boehm

Allemagne

 

Falcon Boy, 2016

Collage, technique mixte sur papier

120 x 160 cm

 

► GALLERIE AKAA : ICI

► MARION BOEHM : ICI