Sabine Péglion, Derrière la vitre (28/12/2013)

 

 

 

 

UNE LECTURE DE CÉCILE Oumhani

 

 

Sabine Péglion

 

   

 

 

 

« Derrière la vitre »

ficelle n° 109, Juillet-août 2012

 

Vincent Rougier, 2012

(Les Forettes F 61380- Soligny la Trappe)

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Combien d’instants se brisent contre des parois de verre, échoués dans le mirage d’une proximité et d’un partage possible... Des pas posés vers les autres,  portés par la promesse du monde et qui cherchent, vacillent puis trébuchent dans le vide.  Des mots chuchotés, confiés qui bruissent dans la lumière du jour puis retombent dans le silence...

Sabine Péglion écoute des voix qui se croisent, sans se rencontrer. Elle démêle les strates des phrases qui se suivent, se recouvrent jusqu’à étouffer un cri qui jamais n’émerge et demeure enfoui dans l’inaudible.  Il s’enlise, vaincu par le quotidien, puis balayé par l’espoir qui renaît malgré tout, après les défaites. Passerelles incertaines / les mots courent / Fluides    liquides / Bulles fragiles / à leurs lèvres assurées / Crèvent /se recroquevillent / fusent / aux volutes   S’accrochent.

C’est dans cet inaudible, fait d’échanges avortés, de meurtrissures contenues à l’intérieur de la cartographie de tous les jours, que la poète recherche les fils ténus qui nouent nos gorges et emprisonnent nos élans. Elle y démasque les jeux sociaux où s’échappe le dire,  bien loin du ressenti, du vrai et de ce que l’on désire.  Entre ces paroles superposées, apparaissent les décalages et les abîmes où l’on se perd, dépossédé de ce que l’on est, sans parvenir à se débarrasser de sa chrysalide.  Toi /Moi / Ta voix se tue / Ta voix s’est tue / Moi / Toi /Ce silence /Fleur rouge / Crevant d’absence / Et tes mots qui se cherchent / Et mes mots qui te cherchent.

La poète joue avec les blancs et les typographies pour mettre en relief la diversité des voix qui s’élèvent dans ces poèmes. C’est avec une grâce subtile qu’elle donne à voir ces espaces qui nous entourent et que nous entourons, de nos gestes et de nos mots.  Et son recueil chemine selon l’ordonnancement d’obstacles de verre clairement repérés : La transparence du monde, De toi à moi et Pars cours deviens, où résonne la voix d’un adolescent qui se heurte à celle des adultes.

Ce regard posé sur notre présence au monde et aux autres touche et émeut.  On ne peut être qu’interpellé par ces thèmes universels, abordés avec une infinie sensibilité.

Pourquoi   dans l’île bien loin de nos rives /   faut-il que le mauve se dissolve ?  La poésie de Sabine Péglion approche notre intime solitude et la transfigure.

 

 

Cécile Oumhani, décembre 2013

© Les Carnets d’Eucharis


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SITES À CONSULTER

 

Extraits


DERRIÈRE LA VITRE

Sur le site : Terres de Femmes

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