Julio Cortázar (25/12/2013)
[…] Pourquoi en littérature – à l’image servile des critères de la vie courante – on incline à croire que la sincérité ne se produit que dans l’éclat dramatique ou lyrique, et que le ludique contient presque toujours artifice ou dissimulation ? Macedonio, Alfred Jarry, Raymond Roussel, Erik Satie, John Cage, ont-ils écrit ou composé avec moins de sincérité que Roberto Arlt ou Beethoven ?
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et ligne après ligne/and line after line
Du côté de chez…
Julio Cortázar
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« Crépuscule d’automne »
José Corti, 2010 – Collection « Ibériques »
Extraits
[Fougère]
pour que tu restes en suspens dans ta nuit
de yeux fermés et de lèvres humides
après cette tâche extrême de la mousse
où mon corps se livre à ses faucons
sous le zénith mystérieux qui déploie
les formes balbutiantes de ta voix
l’écume reprend ses énumérations
et à nouveau la déesse y surgit.
la soif alors s’exalte dans la jonction
des deux rivières blanches qui se croisent
– Diane des ultimes carrefours sans issue,
lune de sang parmi les chiennes noires –
machine de méduse et d’unicorne
où s’emmêle le temps à qui on arrache
le masque sans regard de l’instant
quand on tombe à partir du plus profond
un halètement, le silex d’une plainte,
une chose interminable qui s’effondre
jusqu’à ce que l’aile tourbillonnaire des mouettes
dessine un labyrinthe déjà effacé
contre l’oreiller d’algues et de salive
le gémissement alterné renouvelle
un double crépuscule où pas à pas
défile une lente théorie de panthères
Julio Cortázar ..............
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(p.129/130)
in « Permutations »
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