Roselyne Sibille par Sabine Péglion (17/12/2013)

 



ROSELYNE SIBILLE

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Roselyne Sibille |Sur le site Terre à Ciel| 2013

 

 

 

Roselyne Sibille

Lecture de Sabine Péglion

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Poète, traductrice, géographe de formation, Roselyne Sibille a longtemps été bibliothécaire et enseignante aux Universités d'Aix-en-Provence et d'Avignon. Parallèlement à ses travaux personnels d’écriture, elle poursuit des ateliers « d’éveilleuse » pour reprendre ses termes, en Provence.

Quand on aborde la poésie de Roselyne Sibille, on songe au rôle que Jean Cocteau lui accorde : « Elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement. »

Ainsi, dans L’appel muet, le regard de la poète, précis, sensible, « donne à voir » ce quotidien que nous traversons, le plus souvent sans même le remarquer :  

                                                                                                                                   

Entre la montagne

et les brumes

les corbeaux         leur vol         leurs cris 

 

l’odeur de la terre et son silence 

les racines font signe

 

Entre

 

Percevoir le lieu, l’instant, sa plénitude. Mais plus encore, elle nous invite à prendre conscience de notre être au monde, dans l’attention à ce qui nous est donné. Dans ce suspens perçu du temps, savoir questionner notre parcours, aller au-delà de ce que le regard capte et transmet :

 

Source noire

Seule au milieu

Souffle haletant

 

Vivre avec

Vivre sans  

Sans arrêt

Soif

in Tournoiements Ed. Champ social 2006

 

 

Devenant parfois ce passeur,

je lirai sans fin l’indéchiffrable

                     les autres frontières                            

                                                    in ibid   

 

Avec Roselyne Sibille on arpente le monde, on le redécouvre, au rythme de sa marche,

 

Quand s’enchevêtrent les mystères

que je ne sais plus rien 

je vais chercher

les senteurs d’herbe dans le vent   

in  L’appel muet Ed. La porte 2012

 

Ce matin tôt je marche

seule dans la prairie

Etoiles sous la rosée

Le ciel se tait

in ibid  

Pouvoir saisir ce qui nous échappe, s’y ressourcer

juste un espace où marcher le vent

[…] 

éblouie de vent une aube noire s’est déployée en silence

 

                                                   in Lumière froissée Ed. Voix d’encre 2010

 

Une attention aux paysages dans ses nuances que l’on retrouve sculptés par les blancs de la page. Ils laissent les mots dérouler leur ampleur sonore, vibrer au gré de la sensibilité du lecteur :

 

                                                                Falaise cabrée

délaissée

              lourde    longue     lente    ample

       vers l’absence                                                   les lointains nains

 

in Lumière froissée Ed. Voix d’encre 2010

 

Roselyne Sibille nous incite à saisir cette incandescence

 

                                   la lumière

hachée

blanc

ces lueurs fragiles car l’ombre est si proche tout tremble et fuit,

le temps abasourdi

trébuche

sur l’épaule     immobile     des secondes


En dépit de… pourtant… poursuivre. C’est bien une confiance dans la vie que nous livrent ses recueils.


Un miroir

appuyé contre la nuit

voir ce qui demeure

et sourire 
                                                

   in  L’appel muet Ed. La porte 2012

 

La poésie de Roselyne Sibille nous rappelle qu’on ne peut, ni ne doit, ni oublier, ni accepter mais regarder, devant, dans la lumière.

 

 

Décembre 2013 © Sabine péglion

 

 

 

 

NOTICE BIOBIBLIOGRAHIQUE

  2001 - Au chant des transparences, lavis de Bang Hai Ja, Éditions Voix d’encre

  2002 - Éclats de Corée, Éditions Tarabuste (Anthologie Triages, avec le concours du CNL)

  2005 - Versants, préface de Jamel Eddine Bencheikh, Éditions Théétète (avec le concours du CNL)

  2006 - Préludes, fugues et symphonie, Éditions Rapport d’étape (Librairie française de Venise)

  2007 - Tournoiements, Éditions Champ social

  2007 - Un sourire de soleil (histoire pour enfants), édition bilingue (franco-japonaise) parue au Japon, traduction de Masami Umeda, photographies d’Hélène Simmen

  2009 - Par la porte du silence (Through the Door of Silence), recueil trilingue (français-anglais-coréen), coédité par le Musée mémorial Gyeomjae Jeongseon et le Centre Culturel de la Fondation Toji, peintures de Bang Hai Ja. Publié en Corée du Sud. Traductions de Michael Fineberg et Moon Young-Houn.

  2010 - Lumière froissée, encres de Liliane-Ève Brendel, Éditions Voix d’encre

  2011 - Implore la lumière, peintures de Sylvie Deparis, Éditions SD

  2012 - L'appel muet, éditions La porte

Publications dans les revues Culture coréenne, Terres de femmes, Terre à ciel, Pratilipi, Asymptote et Qantara (revue de l'Institut du monde arabe - Paris)

Divers livres d'artistes et autres co-créations : avec Bang Hai Ja - Hélène Baumel - Florence Barberis - Laurence Bourgeois - Liliane-Eve Brendel - Sylvie Deparis - Keun Eun-dol - Youl - Dominique Limon - Christine Le Moigne - Maïté Erra

Expositions personnelles et collectives

Résidences d'écriture (Corée du Sud et Inde)


 

 

Les Carnets d'Eucharis

© D.R. Sabine Péglion, décembre 2013

 

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