Bernard Vargaftig (28/01/2012)

Hommage à Bernard Vargaftig

(1934-2012)

 

 

 

 BERNARD VARGAFTIG PAR PIERRE EMMANUEL WECK.jpg

© Photo : Pierre-Emmanuel Weck

© http://www.weck.info/2010/09/19/bernard-vargaftig/

 

 

 

 

[…]

 

 

C’étaient les bruits ceux qu’on déchire les

Clés d’horloge les miroirs ceux qui tiennent

Dans leur ovale les maisons pliées

En quatre le temps à peine et les rênes

Qu’on laisse aller autour des morts autour

De l’eau avec chèvres et peupliers

Et carriole sur le vide la même

Route que nous courons comme reviennent

Rêves et paroles grand escalier

Rapace de chaque côté du jour

 

 

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Saute sur les bêtes sur le breuil la

Mort ailleurs ce qui s’oublie les voitures

Mal englouties remplies de temps d’éclats

Eparpillés copeaux de mots sur

D’autres mots comme on croit fuir ô fracas

Château d’aiguilles déchiquetées sciure

Sur le sang au bas des marches un rat

Tel un récit et toutes ses chaussures

D’air jusqu’à se taire serrer les murs

L’eau les portes les fentes contre soi

 

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J’entends la guerre

                  Les guêpes

Muettes

Sur le charnier

                            et les bombes silencieuses

Chicots d’instant

 

                                     

                                      me suis-je tu

                                                                  le soleil

                                                                  l’ourlet qui file

 

  

 

Et l’un l’autre Bruna Zanchi

Editions Belfond, 1981

 

 

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Les bruits sont lents ils font un paysage

D’oubli et d’eau de pentes qu’on remonte

Petites peurs frottées les unes aux autres

C’était rêver le ciel dans les bassines

Entre les noix et le bois sec le chanvre

Quelles durées fuient toujours dans la mienne

Semblants de mots d’habitudes qui cèdent

Quand on dirait qu’une à une les choses

S’étendent et se recouvrent indifférentes

Ombre enlisée enfance complaisante

Et que déjà l’herbe pousse à travers

 

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Je m’étendais contre ma mort j’avais

Ses ongles et ses trous je la comblais

De mots de peurs abstraites sans issue

Rail et silence où s’effondrent les villes

Marque pliure usures dérisoires

Tout un savoir sans signification

Les noms se changent en pierre en coin en verre

Brisée platras de fuites qui s’effritent

Bouchent les murs contiennent les fontaines

Bruits de chevaux et d’anneaux sous les voûtes

Pas d’autrefois quand nous nous embrassions

 

 

Description d’une élégie

Editions Seghers Poésie 75, 1975

 

 

 

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C'est quand ainsi tu me saisis

Mouvement auquel rien ne se confond

La trace du ciel

Avant qu'il n'y aura eu le ciel

 

Un effacement chaque roche

Soulèvement sans aucun savoir

A nouveau plus loin en moi que ne sont

Où que j'aille la  clarté la grève

 

Vite avec puisque même éparse

La déflagration ne se tait pas

Entre aube toujours inclinée et mouettes

Dans un fragment d'appartenance

 

Les amandiers j'entends comme ils tremblent

Qui font espérer

Pour avoir été ce déchirement

Dont le souffle garde l'abîme

 

 

Ce n'est que l'enfance (p.53)

Editions Arfuyen, 2008

 

 

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