Jean-Pierre Faye (01/11/2011)
Jean-Pierre FAYE,Choix de poèmes lus par l’auteur
Coédition Notes de Nuit/L’Harmattan, 2011
(Livre multimédia comprenant un DVD audio de 2h50′ de lectures, le texte des poèmes et un film de 40′)
[…]
Tu es ciel chargé par le suc
D’un long été tremblant de pentes, de verdure
Tout forgé de feuillage, jour
Abrupt de transparence, allié
Au soleil immergé des feuilles
Au feu fragile de la branche, au jour plus mûr
– Nourri de terres à distance, lac
Captif et eau arable dans le roc
Tu mêles tout bas sol et ciel
ici
Où la montagne éclate et s’ouvre, femme
Où crie le feu, halète la venue de vie
Et le labeur de terre ardente
La torsion du travail, qui sculpte
Un tressaillement simple d’avenir
Modèle une joie précise, dure, par la chair
Taillée dans la lumière vive
(Sourire aux yeux d’enfant humides)
Et la parole sourd, se ramifie aux lèvres douces
Alourdies de matin, mouillées d’amour, limées de soif
Vous vivez là, parole
Autour de moi, en un seul cri
Aube égouttée dans l’arbre en cassures d’oiseaux
Brisée à bout de branche
Silva plana
In Fleuve renversé (1960)- (p.9)
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D’amères nourritures
vont et viennent
devant facettes ou fibre
et griffe ou chitine violette
ou l’antenne oscillant, la tige
sur l’aine lisse de la ronce
et, fer brun, avance
la rape de fougère sur la prairie
dans l’odeur plus droite que l’ail
plus mouillée que le bois
ou les cris d’enfants brassés
– et cela entre ici et revient
le son avec le bruit
et l’encre des mûres, raidie
à la pointe, griffe et vision
et jus écrasé et coulée
ou tache sèche du tissu, durcie
ou ligne bleue et pliée
dans le bras, pente fléchie
juste là où le son est tiré
bouche, bouche que veux-tu
entre parler, boire et nager
ce qui te nourrit est entré
afflue ce qui est avalé
grisonne le lait diffusé
passe vite le soir plombé
– qui s’épand est vite effacé
qui dort est tôt disparu
La venue et l’allée
ont peine d’être perdues
– pour qui a peine en dormant
doit être la veine tranchée
Amère et dure la nuit
tige par tige à froisser
fibreuse et âpre à mâcher
avec du fer et du bruit
l’os et l’œil, l’herbe arrachée
tirant terre et cailloutis
fibre amère que veux-tu
suc et mousse, sang et vue
Herbe et peau se séparent
Pourtant, bouche et écorce
ou lumière ou vert contre bois
tige et tendon roulement
du bruit bondissant et tympan
coups au-dedans et rumeur
par le long de la soirée
et cette ligne qui va
tranchant soleil, et sombrée
ce qui va nourrir est distinct
Amère mangeaille, tu vas
approchant et inondant
enfournant boisson et chair
herbe et sable, voisinage
tu tires tempes et ventre
tu entres droit sur les yeux
si là-bas les ligues sont claires
lumière, tu vas t’éloignant
cisaillant les fonds de soirée
le vent trop large pour boire
la poussière a goût d’éclair
lumière, tu passes tout près
dans l’œil en coup de ciseaux
[…]
Plans du corps
In Verres (1979)- (p.13)
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n’emploie pas le nom
des choses car il abîme. Mais laisse
bouger poires pierres pourriture
. fleurs atroces féeries guaranies
ciel raconte le vide du monde
si tu t’endors où seras-tu
. ne t’endors pas mais ouvre
le corps de bonheur aux vies flottantes
la petite fille stupéfaite mange le charbon
de la nuit. elle mange le mouchoir de bois
elle engorge les soleils et mange des viandes de caillou
. et dessine sur l’envers arraché aux murs
elle bouge ventre et corps dans le mouvement
qui va être le transformant des mondes
. par elle entre en éclats par ça le vert et rouge
et la mise en feu le charbon du flottement
par ça qui la bouge elle éclatante de charbon
. je l’aperçois qui devient je la vois qui forme
elle mange les couleurs et les mélange au noir
buvant la fumée le noir la violence du vent
Rage donc
In Désert fleuve respirés (2004)- (p.81)
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je dirai
toute chose sur quoi s’ouvre regard
et la vue qui est devenue visage
quand il criait un monde
ce qui le liait au corps
pris à la gorge par d’autres
corps découverts et même
dénudés tout au long du chemin
dressés sur des cavernes de chiens égorgés
débouchant sur la mer par
le faucon qui rompt l’espace
et les guêpes de sang
car elle
ne s’est pas donnée, mais elle
s’est fait prendre
par
le vu, et par le
ressaut des choses
elle commence tassée sur les cris futurs
écrite sur un poème tiré poils contre
poils et fibreux en forme de chienne
mangeuse de taureau à l’œil rouge
épinglé à la voûte des éclats, et
aux rouleaux de la mer en fil de quartz
sur la pierre inestimable et le soleil purgé
du fait des plaisirs en son lit, contre
le corps le plus vif et le feu qui piège
toutes formes, hêtre et faine, agar et sara
hors de la ligature des soleils
je vous demande la poursuite d’empreinte
et la puissance d’outrer le plus vivant
par les filles couchées en océan, tramées
franchissant l’espace, non par
bateaux ou chemins, mais
par récit, contant une voix non connue
chemin de taupe et sans trace, autre
que le tas de terre friable écroulé
où s’écrie le cri inouï, l’empreinte
d’intention sur le son la contrainte violentée
par vautour ; corps plongé consumé
donné en fusions, mis en rivage
ravage, aboyé de rire
her wild hollow hoarlight hung to the height
and hoarwhore, là où
notre nuit déferle et achève
je commencerai à voir la face enfouie
dans l’ivre le commencement l’éclat
alors il va reparler encore, et
de l’hirondelle possédée
du tout premier visage, aussi
beau que l’enfant prêt à être
coupé en deux
Toute chose du monde
In Comme en remontant un fleuve (2010)- (p.87)
Pour toute commande sur le site: contact@jean-pierre-faye.net
■ ■ ■ Né à Paris le 19 juillet 1925, Jean-Pierre Faye est écrivain, poète et philosophe français.
■ Biographie : http://www.jean-pierre-faye.net/biographie/
A paraître :
Novembre 2011: « Paul de Tarse et les Juifs »
éd. Germina
Janvier 2012: « Combat au-dessus du vide –pour une critique du ‘logocentrisme’ »
éd. Germina
Janvier/Février 2012: « Didjla le Tigre »
Réédition avec version audio lue par Bérangère Bonvoisin
L’Harmattan/Notes de Nuit
Dernières parutions :
« Al FÂRÂBI, les desseins de la métaphysique »
Texte bilingue présenté par Jean-Pierre Faye
Selefa
& autres poèmes
■ CARNETS D’EUCHARIS N°31
Novembre&Décembre 2011
(mis en ligne le 15 novembre 2011)
© Nathalie Riera – nathalieriera@live.fr
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