Texte de présentation du film documentaire FIL D'ARIANE, VARIATIONS PLASTIQUES de FRA DELRICO (28/06/2009)

Art d’éloge


 

Préambule

au film documentaire

"Fil d'Ariane, variations plastiques"

sculptures et peintures

de

Frédérico Alagna

FRA DELRICO

 

 

Par

Nathalie Riera

 

 

 

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Quelque chose comme une foi, une reconnaissance au réel, une incursion dans l’éloquence et le mutisme de la matière, le film FIL D’ARIANE (variations plastiques) se compose d’une suite de sculptures, masques et figures, d'oeuvres graphiques, dessins et peintures, tout un flux de gestes et d’éloges qui célèbrent une certaine tenue esthétique et confèrent aux formes leur souffle.

Sans retenue le surgissement : force du vivant. Pouvoir actif et magnétique de la main à donner forme, et pouvoir de la matière à faire qu’il y ait oeuvre possible.

Oscillations, contorsions, déplacements, autant de contenance que d’élan lyrique, et pour l’artiste, Fra DelRico, le désir non pas d’un style mais d’un art à maintenir ces deux pôles que sont la figuration contemporaine et la vision traditionnelle, en résonance certaine aux arts premiers.

Pratique de la variation, avec d’un objet à un autre cette volonté ou manière de ne pas se complaire dans le néant, mais toujours à vouloir ce qu'il y a de plus authentique, c’est-à-dire en passant par un nécessaire abandon de la recherche du "mieux" au profit de ce qui fait « différence » ou de ce qui est « autre », s’opposant ainsi à toute uniformisation dans la notion même de perfection. Il ne s’agit pas d’espérance pour mieux vivre, mais de plus de potentialités et d’alternatives à une existence où le quotidien offre autant son lot de grâces que sa portion d’affres et de méandres.

 

Le poète et critique Yves Bonnefoy nous dit qu’il a bien fallu « quelque chose comme une foi pour persister dans les mots », j’ose croire que chez Fra DelRico le désir n’est pas fiction, et la foi n’est pas imaginaire. L’art a une prise directe sur son quotidien, et n’est-il pas justement cette chance souveraine, nous donnant à demeurer dans la vision et l’éveil des choses du monde? Avec lui l’art n’est pas dénigrement contre la vie et la mort, mais plutôt l’art comme preuve que l’homme a été dépossédé par le trivial, et que cette dépossession l’a affaibli.

« Dépossédé » veut dire aussi que nous avons toujours moyen de re-posséder ce qui a simplement été obscurci. Si l’art est considéré par certain comme un moyen de détournement, d’échappatoire à l’emprise du réel et du quotidien, il est pour d'autres le moyen de faire non plus obstacle à son être mais offrande. D’où ce recours de l’artiste à une oeuvre qui se déploie, à des rêves sans échardes, à des passions où la flamme ne détruit pas.

 

Fil D'ariane : 9 séquences sous tension. Son tracé a la qualité de ce qui est exigeant, mais aussi de ce qui sait laisser place à la mesure jusqu’à l’effacement.

 

Quand l’art est chuchotement, il est aussi célébration du vivant.

 

 

«Je ne m’attache pas à expliquer mon art, mais à le comprendre »

 

 

Fra DelRico fait éloge à la matière, avec, pour thème de prédilection, la figure humaine. Le peintre-sculpteur s’en vient chercher résonance et dissonance dans les couleurs du monde – ses fresques ou ses toiles du réel – dans les rumeurs du quotidien, dans les carnations de l’être. Et c’est dans ce geste de sculpter ou de peindre que se révèle le don.

 

Alchimie de matières, entremêlement de textiles, de tissus synthétiques, de terre et de cire : de ce geste profane des figures naissent.

Travailler/créer chez Fra DelRico c’est surtout exclure tout maniérisme. Se maintenir sur le chemin du dégagement. Poursuivre la recherche, c’est-à-dire tâtonnement, pénétration, pour au mieux continuer à comprendre son art, pour au mieux avancer sur le chemin de ce qui est promu à mûrir.

 

Pour ce qui est de l’action de peindre et de ce qui se propose sur la toile : donner à voir l’aura d’une figure, son essence, son empreinte.

 

© Nathalie Riera – Contribution mai/juin 2009

 

 

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© FRA DELRICO Copyrights 2009

 

 

 

 

 

FRAGMENTS POESIE

 Nathalie Riera

 

 

« … voir dans le nu des choses le filigrane de l’Universel et l’empreinte du Toujours »

Malcolm de Chazal

(La vie filtrée, 1949, éditions Gallimard)

 

 

 

I – Le nu des choses

II – La force des choses


-I-

 

LE NU DES CHOSES

 

corps c’est-à-dire régnant s’engouffrant en sens inverse en avant de cendre et de lumière se mélange à la pierre le regard

vers où les masses subsistent sans or sans air contre la tragique légèreté……………… brouillés de dédales les corps luisent……………………………………… feu et argile sont la matière des figures comme ratures peut habiter les chairs comme éther les bruits les mouvements grincements du vivant en nerfs eau nervures des socles………………………….……… c’est-à-dire corps

 

où peut survivre à proximité la passion des ombres raccourcis des clartés dans la courbe des épiphanies contre le zigzag des périphrases

 

CE QUI SUBSISTE SE PROLONGE SE LAISSE ENTREVOIR INCISIF SE REFERME

 

 

 

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© FRA DELRICO Copyrights 2009

 

 

 

-II-

 

LA FORCE DES CHOSES

 

la nudité habite l’espace, les corps dans la liberté de ce qui est sans enlacement ni déformation ni sublimation

 

où est l’ombre est la lumière est l’épaisseur de l’origine est le voyage la chaîne le fil l’infini

 

ce qui est du fond de la chair ce qui est à l’intérieur ce qui est obscurité ce qui est corps dans les bras de l’invisible................... est sacré

 

montagne des corps où le regard puise force s’affaisse

 

sommets des crânes ce n’est pas la mort qui se déclare au regard mais ce qui survit qui est encore plein du monde………… rocheux humide argileux fertile herbeux aride

 

monde du regard 

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