Maurice Chappaz (07/02/2009)

Évangile selon Judas

Editions Gallimard

Date de parution : 26/10/2001

Collection : BLANCHE

  

 

Écrivains suisses

L’art de la fugue de Maurice Chappaz

 


 

Note de lecture

 

Les plus accomplis des textes de Maurice Chappaz (il est mort en janvier 2009, à l’âge de 92 ans, dans le canton du Valais) restituent la constante la plus notable de son art romanesque et poétique, ce que l’on pourrait appeler son art de la fugue, l’alternance de récits parallèles, chacun fondé sur ses registres habituels, les rêveries alpestres, ses réflexions dépitées sur le « monde moderne », un univers onirique proche de celui de son compatriote et aîné Gustave Roud et la lecture attentive et extrêmement lucide de la Bible. À cet égard, « Évangile selon Judas » se révèle comme un livre à placer devant tous les yeux en un temps où la religiosité et sa conséquence l’intolérance trouvent un regain de sottise et de cruauté.

Le credo de l’écrivain (et viticulteur) valaisan livre un Judas Iscariote revisité et s’il en dépoussière le mythe de la catéchèse, l’auteur se prévaut de garder au personnage, au-delà des avatars d’un récit singulier, la véracité prônée aux enfants et aux gens simples, non d’esprit mais de cœur.

« Le douzième apôtre avait l’instinct pour deviner les bêtes, écrit-il. Il tâtait le bétail avec un sixième sens. Et c’est lui qui dénicha l’ânon gris sur lequel personne n’était monté pour l’amener à Jésus avant le grand rendez-vous, lors de l’ultime fête… »

Sa profession de foi le ramène aux matins de l’enfance, aux prémices de la pureté évangélique, lorsqu’il persistait à « se réfugier dans l’église et à écouter la petite clochette de l’élévation » dans l’espoir d’apercevoir de nouvelles « Terres promises ».

 

Claude Darras

 

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Maurice Chappaz et Gustave Roud lors d’une séance de signature chez Payot. 9 mars 1968.

© Archives littéraires suisses, Fonds S. Corinna Bille-Maurice Chappaz, Berne.

Bibliothèque Nationale Suisse

 

 

«Judas et Jésus remontent en moi.

Parce que ma vie devient comme une forêt noire où je m'enfonce. Je suis par moments étranglé par le respect puis en proie à la curiosité. Ma vocation je la subis. L'un après l'autre mes poèmes me quittent, déménagent, mais il me semble encore écrire des souvenirs avec les mots de plusieurs poètes engloutis, enfuis au bout du monde, de passage dans ma conscience, à demi-visibles. Je ne sais plus d'où vient telle voix, je pénètre, je tâtonne dans les buissons obscurs, sur les sentiers à la fin de l'âge. Où il faudrait être une bête, avoir son savoir aussi.»

 

Le poète valaisin s’est éteint à 92 ans, le 15 janvier 2009. « Poète témoin lucide des ruptures et des angoisses de la modernité. »

 

 

à consulter :

 

Site Rimeur.net

(Poésie Suisse Romande en ligne)

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