En réponse à Pascal Boulanger (24/04/2008)
« On n’insistera jamais assez sur le caractère sensible des effets de lecture, sur la vérité du livre à travers l’expérience physique de la voix. Il s’agit d’un exercice spirituel consistant à toucher et à entendre le texte brûlant, et ce qui surgit autour de lui, dans un espace et un temps inviolables » : mon profond accord et une certaine estime pour ces mots de Pascal Boulanger dans « Le corps certain : détails 1990-2000 ».
Et voici plus loin ce que l’on peut lire, (et après que P.B. eut cité Kostas Axelos) : « La pensée poétique et future, déjà énoncée, passe inaperçue et demeure impensée » :
« Ecoutant Axelos on peut penser qu’une écriture nouvelle ne peut que rester inacceptable et dérangeante pour les universités, les partis, les églises qui conservent et restaurent ce qui domine, aussi bien que pour les communautés marginales qui se laissent récupérer et font partie du jeu du monde existant ».
Pascal Boulanger a, par ailleurs, raison de souligner la question de « la poésie effusion maternelle ou risque de langue ? », et en référence à Heidegger de préciser que la poésie n’est en aucune manière un simple embellissement de notre réalité quotidienne, et que le tort le plus grave serait effectivement de ne pas pouvoir prêter à la poésie cette vibration que j’oserai dire « tellurique », ou encore « magnétique », et que vaines me paraissent toutes pensées qui n’accordent à ces deux derniers vocables qu’une idée d’échappatoire, de déroute, ou de feinte mystique.
Dans ce monde prédisposé à « l’ouvert », la poésie n’a pas pour tâche d’enjoliver nos vides, mais probablement nous maintenir à un endroit de nous-même : celui le plus en marge, et par conséquent le plus formé à la sédition comme refus légitime de ce que la société et ses faussetés nous assène. Entendre par sédition, un certain soulèvement de l’être. « Et que se cache-t-il (…) derrière les images lisses et festives du monde sinon une incapacité de penser et de surmonter le nihilisme ? ». Soulèvement en rapport à cette effroyable incapacité de la société à pouvoir admettre la singularité, et lui préférant ainsi des normes imposées. Et toujours au détriment « de sa propre vérité qu’on ne peut atteindre qu’à condition de la créer ».
Dans son texte qui ouvre l'anthologie, P.B. cite, entre autres auteurs, Marcelin Pleynet, qui, parce que ce dernier se montre plutôt rétif à toute communauté, sait néanmoins vouer une vive admiration à l’égard des « esprits libres ». Et plutôt proche de la pensée de M.P., pour Pascal Boulanger : « Ne pas se laisser enfermer dans des classifications arbitraires, des mémoires restrictives. Piocher dans la diversité des registres, les collections les plus éclectiques. Ne pas appartenir à un groupe, une famille de pensée… Ne pas fonctionner par opposition. Rien de plus agréable quand on découvre qu’une écriture contredit ou déborde son propre programme.
(…)
Il ne s’agit pas ici de former communauté : pas de palmarès, pas de bilan ni de jugement. Pas d’écoles ni de courants.
(…)
Un livre ne m’intéresse qu’en regard du plaisir qu’il me procure ».
Cette anthologie (sous la direction de P.B.) est également une sorte d’hommage à ces « éditeurs de création » qui « savent faire preuve d’une rare pugnacité pour défendre leurs auteurs malgré la chute continue des tirages et des ventes, malgré les lois du marché et de la censure ».
« Nulle poésie n’achève la poésie, mais chacune déplace, approfondit, recrée toutes les autres. C’est ce mouvement que ce livre aimerait refléter ».
La Polygraphe
Poésies 1990/2000
Le corps certain N°17/19 – Editions Comp’Act, 2001 (pp.13-36)
Nathalie Riera - le 24 avril 2008
"J'appelle poésie cette intrigue de l'infini/ où je me fais auteur de ce que je vois, de ce que j'entends."
L' Émotion l'émeute
Le quatrième livre de poésie de Pascal Boulanger est, sous son titre paradoxal, une confrontation déchirée au monde tel qu'il ne va pas, pour y inventer une respiration. LIRE LA SUITE DE L'ARTICLE d'Emmanuel Laugier dans Le Matricule des Anges...
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